lundi 20 mai 2002

WE de Pentecôte à l'île d'Yeu

Un week-end de trois jours, c'est l'idéal pour partir en balade en avion ! Pour cette Pentecôte, direction l'île d'Yeu. J'avais réservé un Régent, mais suite à un souci de planning, je me retrouve avec un DR400 108 cv. Ca va aller moins vite...

Décollage de Lognes samedi en fin de matinée, avec le plein. Nous avons décidé de nous arrêter à Cholet pour ravitailler et éviter d'avoir à le faire au retour, et pour profiter de l'excellente restaurant (l'Eole Bar, très chaudement recommandé). Malheureusement, notre DR400 est anémique, ya pas d'autre mot, et en plus le vent est de face. Sur le GPS, notre vitesse sol oscille lamentablement entre 80 et 90 noeuds... On s'ennuie sévère... Résultat, quand on arrive à Cholet, le resto est quasiment fermé, mais comme ils sont sympas, ils nous font à manger quand même.

Après avoir rempli nos estomacs, on donne à manger à l'avion. On regarde démarrer le Citation suisse dont les pilotes ont profité aussi du resto. Leur unique passager arrive, et c'est parti. Le Citation passe devant notre DR400. On fait un coucou aux pilotes, qui nous font un geste de la main.

Il s'aligne sur la piste de Cholet, face à la ville qu'il faut éviter de survoler en décollant. Lui ne tournera pas légèrement à droite pour éviter le survol, mais grimpe tellement vite qu'il passe haut au dessus de la ville... Impressionnant !


On décolle à notre tour. Toujours aussi lentement, on se dirige vers la côte. En contact avec Nantes Info, on monte pour traverser. A 5000 pieds, on voit l'île d'Yeu avant même de passer la côte, sous le soleil, c'est superbe.




Descente rapide en tournant autour de l'île par la pointe des Corbeaux, et l'AFIS nous propose une longue finale 33. Atterrissage avec 10 à 15 noeuds plein travers. "Garez-vous à côté d'un *certain* TB20", nous demande l'AFIS. Il dit "un certain", car il sait que le TB20 est celui de deux amis avec qui nous avons rendez-vous et qui nous attendent à la tour. 

Samedi après-midi, le temps est superbe, avec un grand soleil. Un temps à aller à la plage !

Le soir, en l'absence de barbecue, c'est sur le feu, dans la cheminée, que nous faisons cuire nos brochettes faites maison, nos merguez et autres chipolatas, et nos côtelettes... Ne trouvant pas de papier journal pour allumer le feu, nous avons trouvé une solution très aéro : cartes TEMSI, TAF-METAR, photocopies de VAC du WE précédent, et même une fiche de pesée nous fourniront le papier pour enflammer les brindilles !

Le soir, ça se gâte, il se met à pleuvoir alors que nous venions d'enfourcher les vélos pour aller au bar de l'escadrille. On se replie donc sur la voiture. A l'escadrille, il y a déjà foule. On finit par se trouver une table dans un coin.

 Et nous chantons avec les autres jusqu'à une heure du matin, avant d'aller prendre un repos bien mérité.

Dimanche, il fait tout gris, et c'est même de la pluie qui nous attend quand on ouvre les volets. Pas de quoi nous empêcher de prendre les vélos et d'aller nous balader. En ce dimanche de Pentecôte, sur l'île d'Yeu, c'est la Fête des Fleurs... Une dizaine de chars se promènent dans toute l'île. Nous les croisons sur le chemin. Puis on va discuter un coup avec le pilote de l'hélico, qui attend ses clients sur l'hélistation du port. Le Dauphin biturbine est superbe, et peut embarquer 10 passagers...

Le continent est à 10 minutes. Dans le temps, ce sont des Alouettes II et III qui faisaient la liaison. De vieilles affiches, au bar de l'escadrille, témoignent de ce récent passé aéronautique de l'île. Le pilote attend ses passagers, six Anglais, qu'il va déposer directement à l'aéroport de Nantes. Ils arrivent, et bien que le ciel soit bien bas de plafond, l'hélico décolle, non sans que le souffle de son rotor ne fasse tomber un de nos vélos, pourtant bien appuyé contre la barrière !


Nous enfourchons nos vélos pour une balade d'une vingtaine de kilomètres autour de l'île. Nous passons le long de l'aérodrome, le temps de constater que nos avions sont toujours là, roues au sol, et que la piste est herbe ne donne vraiment pas envie d'être utilisée.

Retour à Port Joinville pour un apéro, puis un repas bien mérité dans une crêperie. On admire les chars de la Fête des Fleurs, qui reviennent sur le port, en écoutant des musiciens jouer des airs bretons. Car si on est ici en Vendée, la Bretagne est toute proche, et sa culture est bien présente sur l'île.

Et nous prenons à nouveau la direction du bar de l'escadrille. C'est un lieu incontournable. D'abord parce qu'on y trouve l'ambiance la plus sympa des bars du port, et parce qu'il est très aéro. Son patron pilotait l'hélico, on trouve sur un de ces murs un superbe moteur en étoile, et une non moins magnifique hélice en bois, et les autres murs sont couverts de gravures et photos d'avions et d'hélico de toutes époques...

A notre table, un de nos voisins nous demande d'où l'on vient, et à force de répondre à ses questions, on finit par dire qu'on est venus en avion. Lui-même est élève-pilote, et la discussion qui suit prouve une fois de plus que le bar de l'escadrille porte décidemment bien son nom.

Lundi matin, il fait un temps superbe. Pas un nuage, et un soleil qui réchauffe les maisons et les corps. Alors que tout vol était impensable entre l'île et le continent la veille, nous n'aurons aucune difficulté à voler aujourd'hui. Petit déjeuner en terrasse, au soleil, en écoutant la fréquence de Yeu. Les pilotes profitent du beau temps, et la fréquence ne désemplit pas. DR400, PA28 ou TB20 s'annoncent les uns après les autres, et nous les voyons passer devant nous, en longue finale pour la 33.

Et nous ré-enfourchons nos vélos pour la pointe des Corbeaux, que nous explorons jusqu'à son extrémité, en escaladant les rochers. Puis c'est le retour à la maison pour manger, ranger, et faire les bagages. Détour par Port Joinville pour rendre les vélos, et direction l'aérodrome. Le week-end n'est pas encore tout à fait fini. Avant cela, petit tour de l'île à bord du TB20. 


On s'éloigne sur la mer pour faire une longue finale en 15, et c'est l'approche au dessus de la mer, et un bel atterrissage de notre pilote, malgré le vent de travers.

Retour au parking, au revoir, et nous voilà partis dans notre DR400. Alors que l'on s'aligne en 33, Flavien annonce sur la fréquence qu'il roule pour le point d'arrêt, et ajoute "Message pour Victor Novembre : White est resté dans le TB20, mais on va s'occuper de lui !" (White, c'est la peluche, ma mascotte aéro)

On décolle. J'ai calculé et recalculé : malgré le plein à Cholet, le vol d'1h05 (!!) pour aller à Yeu, et la vitesse désastreuse du DR400 ne nous permettrons pas de rallier Lognes dans ravitailler.
Tant pis, on refera une halte à Cholet. L'AFIS est là les jours fériés jusqu'à 19h, donc nous pourrons ravitailler. Mais en approche de Cholet, les avions en tour de piste nous confirment ce qu'on craignait : l'AFIS n'est pas là, pas d'essence, donc... Pas question de tenter le diable, et nous prévenons par SMS le TB20 qu'on va, nous aussi, se poser à Etampes, pour ravitailler.

Après cette escale rapide, et la récupération de White, dernière étape avec un retour sur Lognes. On range l'avion en se promettant de ne plus aller à Yeu avec un 108cv... Retour sur Paris en voiture, après 6h46 de vol dans le WE, et un très très sympa week-end de trois jours à l'île d'Yeu !

mardi 14 mai 2002

Premier vol de nuit

Ce soir, j'ai commencé mon apprentissage de hibou avec mon premier vol de nuit en tant que pilote, après avoir volé de nuit comme passager à deux copains, à Dieppe et à Minden Tahoe, (Nevada).

21h10. J'arrive à Pontoise alors que le soleil baisse franchement sur l'horizon. Quelques nuages gris subsistent, éclairés par les derniers rayons du soleil, c'est joli ! L'aérodrome est désert, l'aéro-club aussi, il n'y a que mon instructeur, qui m'attend. On se dirige vers Delta Roméo, le petit Cessna 150. Il n'a volé que 40 minutes depuis le dernier plein, mais on va remplir ses réservoirs à ras bord quand même.

Vérification des feux de l'avion, perception des lampes de poches, prévol, et on embarque. En plus des manips habituelles, on tourne deux boutons de plus, pour allumer le plafonnier rouge, et éclairer les instruments. On commence à rouler vers le point d'arrêt 23 de Pontoise, alors que la nuit aéro commence. Clic clic clic pour allumer la piste. Alignement, plein gaz, rotation à 55 kt, et c'est parti. Montée à 65 kt. 300 pieds, volets 0, 75 kt au badin et on monte vers 2000 pieds.

- On va faire un peu de VSV, tu ne regardes que tes instruments !
- OK...

Je me retrouve avec un grand cache devant moi, et je m'applique à regarder mes pendules. Horizon, alti, horizon, conservateur de cap, horizon, VOR pour garder l'aiguille bien centrée, horizon... 2000 pieds. On va faire un peu de mania.

- Lâche les commandes, regarde tes genoux, je te le mets dans des positions inhabituelles et tu le rattrapes. (...) A toi !

Je regarde mon horizon : le 150 est incliné à 30° à droite, et en légère montée. Je pousse doucement, tout en remettant les ailes à plat. Fastoche pour cette fois. Du coup, la deuxième fois, il me secoue davantage avant de me redonner les commandes. Les yeux sur mes genoux, je n'arrive plus à suivre les mouvements de l'avion, et je sens nettement que mes sens décrochent.

A moi les commandes. Je regarde l'horizon : l'avion est presque sur la tranche, et franchement en descente. Il me faut un quart de seconde avant de trouver de quel côté tourner le manche. Réduction des gaz, ailes à plat, ressource souple. Ouf !

Maintenant, je vais suivre des "caps radar" qui vont m'amener en finale, si tout va bien. Tout cela en descendant à 500 ft/mn. je tourne, je tourne, je tourne encore, suivant différents caps. Finalement, le cache devant moi est enlevé. Droit devant, la piste illuminée.

Je me fie au PAPI pour déterminer mon plan de descente. OOups, une 3e rouge, je cabre légèrement le petit 150. Deux blanches, deux rouges. C'est mieux.

- Lâche le manche ? OK, il est bien compensé, ne touche plus à rien !

La piste arrive sur nous, on commence à distinguer les marques de la piste. Réduction des gaz, on lève le nez, et on attend. Toucher à peu près en douceur et on repart.

Deuxième tour de piste, deuxième toucher, sous la pluie qui s'est mise à tomber. La piste est de plus en plus mouillée et les balises se reflètent sur la surface humide. Suivent deux tours de piste standard, avec virage au taux 1 pour faire un hippodrome.

Troisième toucher. La piste s'éteint en courte finale. Clic clic clic, elle se rallume, mais entre temps, dans le noir, je suis un peu passé sous le plan. Dernier tour de manège, dernier atterro. Il est temps de rentrer au parking, Pontoise ferme à 22h30.

Les marques bleues des taxiways brillent dans les lumières du phare, comme brillent les yeux des lapins qui s'enfuient devant le 150. Retour au parking. Arrêt du moteur, le calme revient sur l'aérodrome. La lune s'est levée. 1h02 de vol de nuit. Ca y est, je suis un apprenti hibou !