jeudi 15 février 2001

Vol IFR (en passager) mouvementé

Avant un dîner de pilote, me voilà à Toussus pour effectuer, en temps que passager, mon premier vol en IFR. Nous sommes quatre dans le Cessna Cardinal, et je suis installé à l'arrière.

A peine avions-nous décollé que Bruno, notre pilote, doit déjà se battre avec le contrôle qui veut le faire monter au moins au niveau 110. Après négociation avec la contrôleuse, on peut rester au 50. Après une verticale Villacoublay, suivie d'une verticale Orly, cap sur Vatry, dans un ciel tout bleu. Quelques nuages ont l'amabilité de se placer sur notre route pendant notre descente sur Vatry, mais juste au moment où l'on allait pénétrer la couche, hop, plus de couche, que du bleu... C'est dommage pour un vol en IFR ! Qui a donc lieu en VMC...

Vatry est un bien bel aéroport, certes rarement utilisé, mais bien beau. Après une remise des gaz au dessus de la longue piste, Bruno reprend contact avec je-ne-sais-plus-qui pour activer le plan de vol de retour, qui doit nous faire passer par Pontoise, afin de re-longer Paris, cette fois par le Nord.

Jusqu'à présent, rien de particulier à signaler, à part le fait de pouvoir frôler Paris de si près et de si haut. Trop de calme aurait dû nous inquiéter, car c'est à ce moment là que les choses commencèrent à mal aller.

La passagère installée à l'avant de met à saigner abondamment du nez. A l'arrière, on lui passe des kleenex, mais on a beau lui en passer, un, deux, trois, quatre, cinq, ça coule toujours ! Si l'autonomie en carburant ne pose aucun problème, notre autonomie en kleenex commence à nous inquiéter.

Nous passons à quelques encablures de Roissy, du Bourget, et nous frôlons littéralement Paris, presque verticale du périphérique. Bois de Vincennes, La Villette et sa géode, Montmartre, Notre-Dame, la Tour Eiffel bien sûr, la Concorde et sa grande roue, les Champs, l'Arc de Triomphe et la Défense défilent successivement sous nos ailes, ou presque. C'est quand même assez génial, et ça donnerait presque envie de passer l'IFR rien que pour ce genre de vols... 

Paris dépassé, il faut se rendre à l'évidence : il va falloir se poser à Pontoise pour faire quelque chose. Avant de quitter Roissy Radar, Bruno demande : "Pourriez-vous prévenir Pontoise que nous avons besoin d'une assistance médicale à l'arrivée, s'il vous plaît ?" Roissy Radar : "Bien sûr, je m'en occupe."

A notre arrivée sur la fréquence de Pontoise, le contrôleur se fait confirmer la demande d'assistance. Bruno confirme donc, et la tour indique que l'assistance est en route. L'atterrissage se fera à vue. 

Nous voici en courte finale, tandis qu'un gros camion de pompiers fonce, gyrophares en action, vers le seuil de piste, et que le contrôleur autorise Bruno à se poser, tout en indiquant aux pompiers que c'est nous, l'avion qui a demandé de l'assistance. Bruno freine pour sortir à la première bretelle, ce qui surprend le camion de pompiers qui attendait vers l'autre bout de la piste. Pour nous éviter de nous courir après sur tout l'aérodrome, le contrôleur suggère que les pompiers et le cardinal se retrouvent sur le parking tour.

Parking, arrêt du moteur. Un seul pompier descend du camion et prend les choses en mains. "J'ai demandé l'assistance de collègues" explique le pompier. Et presque au même moment, nous voyons arriver un deuxième camion de pompier, sans lance à incendie sur le toit, mais tous girophares giropharant aussi ! La victime est emmené dans le VSAB, et finit par réapparaître.

Nous réembarquons, attendons quelques minutes le créneau du plan de vol qui a été décalé, et redécollons pour Toussus pour ce qui sera, du coup, un vol de nuit. Arrivés sans encombre à Toussus, nous nous sommes retrouvés une heure plus tard, avec nos petits camarades, autour d'un verre, avant d'aller dîner.

Nav 150 NM

Aujourd'hui, j'ai fait ma navigation de 150 nautiques, indispensable avant de passer son PPL. Pour éviter les longs calculs afin d'être sûr que que les trois branches faisaient bien 150,1 NM et pas 149,9, j'ai été moins paresseux qu'un autre membre de Pilotlist qui était tout juste au-dessus de 150 NM, et j'ai pris un trajet faisant 180 NM (Lognes-Auxerre-Orléans-Lognes).

J'étais particulièrement content de pouvoir enfin voler par beau temps pour ma deuxième nav solo. D'autant que pour la première (Lognes-Reims et retour), la visibilité était assez pourrie.

Je m'étais réjoui trop vite. Certes je n'ai pas croisé un seul nuage, mais la visibilité n'Ètait pas top non plus.

Résultat, heu, comment dire... J'ai eu un peu de mal à trouver le premier terrain, et je suis passé côté du deuxième sans le voir.

La honte totale, c'est quand dans les deux cas, je me suis annoncé à cinq minutes du terrain, et puis paf, je le trouvais pas. Du coup, les deux fois, l'agent AFIS m'a rappelé pour me demander où j'Ètais, et j'ai répondu, d'un air détaché : "Là je suis un peu perdu, mais dès que j'ai retrouvé le terrain, je vous rappelle !" La honte, je vous dis !

Dès le départ, j'ai eu un peu de mal. Je démarre mon moteur, et je réalise que la bretelle pour sortir du parking de l'aéroclub est DERRIERE, et que je n'ai pas la place de faire un demi-tour sur place, et qu'il aurait été plus malin de reculer l'avion à la main avant...

J'arrête le moteur, je pousse l'avion, et je redémarre. Petit passage à l'essence, et c'est reparti vers le point d'arrêt. Combien d'avions, avant moi, au point d'arrêt ? 1, 2, 3, 4... Cool, pas la peine de se presser. C'est donc à toute petite vitesse que je roule vers la file d'attente.

J'ai remarqué que c'est toujours quand il y a plusieurs avions devant au point d'arrêt que les atterrissages se succèdent à un rythme soutenu et qu'on ne peut pas caser un décollage entre deux...

Finalement, c'est mon tour, et me voilà en l'air. Cap au 150. Un p'tit coucou à la radio pour pénétrer la zone D de Melun, et je roule, je roule... Enfin je vole, je passe au large de Montereau, de Sens, et j'arrive sur Auxerre.

C'est là que j'ai dû un peu merder, puisque je ne trouvais plus du tout le terrain d'Auxerre. Fort heureusement, je suis tombé sur l'autoroute qui m'a mené droit à destination.

Atterro, bonjour à l'agent AFIS qui me donne un petit coup de tampon (enfin sur mon carnet) en échange de 31 francs, cinq minutes pour se dégourdir les jambes, et hop, me voilà reparti.

Cap au 275 vers Orléans. J'ai intérêt à le tenir, mon cap, parce que droit devant, je ne vois rien de rien, c'est quelque peu brumeux. Par contre sur les côtés je vois très bien... C'est comme dans un avion de ligne quand on n'est pas dans le cockpit, quoi !

J'arrive sur Orléans, je prÈviens que j'arrive, et... je n'arrive pas. Il est où ce ?%§$£®! de terrain ? Hoooo... La jolie antenne... A tous les coups elle est sur ma carte. Ha oui, elle y est. Tiens, le terrain est derrière moi. Je calcule vite fait un p'tit cap pour me conduire de 
l'antenne au terrain, et hop, j'arrive pile poil dessus.

Donc si vous avez bien suivi, j'avais dit à l'agent AFIS que j'étais un peu perdu et que je le rappelais dès que j'avais retrouvé le terrain (il m'a appelé pile poil au moment où j'avais repéré l'antenne. J'ai failli lui demander si elle était loin - genre "Vous la voyez de votre tour ?" 
- mais j'ai pas osé !)

Re-atterro, re-tampon, contre 32 francs cette fois. Petit au revoir à tout le monde, les deux pilotes de King Air qui prenaient la météo à la tour me souhaitent un bon vol, je les remercie, je redécolle.

Dernière branche. Je pars d'Orléans à l'heure à laquelle je pensais être revenu à Lognes. Bon, c'est pas grave, je suis pas pressé. Cap vers le VOR de Pithiviers, puis droit sur Melun, toujours avec une visi pas terrible.

J'arrive à Melun. Enfin, je crois que c'est Melun, mais je ne vois pas les antennes, qu'on voit pourtant de loin. Zut alors. Pourtant, une grosse ville comme ça, c'est forcément Melun. y'en a pas d'autre dans le coin.

Ou alors, si c'est une autre ville, c'est que je ne suis pas du tout dans le coin. Oui mais Melun, ils me suivent au radar, donc si j'étais à l'autre bout de la région, ils auraient dit quelque chose !

Ho, que vois-je sortir de la brume ? Des antennes ! C'était bien Melun. Franchement, ça doit pas être marrant le GPS, on est toujours sûr de l'endroit où on est, on ne peut pas se poser de questions et jouer à "Suis-je bien là où je pense être ?".

Tiens, mon portable vibre... Comme je suis un peu à la bourre, je regarde pour voir si c'est pas mon instructeur. Si, c'est lui, j'ai raté l'appel. Bon, je tapote vite fait "J a r r i v e", j'envoie le SMS pour le rassurer, et je me reconcentre sur la route.

Verticale du terrain, et cap sur Lognes. Ca sent l'écurie. Ca roule, c'est tout droit. Et tout d'un coup... Nan, je le crois pas, un gros doute m'assaille. Je ne vais quand même pas me perdre entre Melun et Lognes ! Mais pourquoi je ne vois pas le terrain ?

Tout simplement parce qu'on ne voit pas grand chose. Il est bien droit devant, mais je ne le vois pas très tôt. Bonjour, Lognes, c'est moi, je suis de retouuuuur !!!

- "Fox India Oscar, rappelez verticale"
- "Fox India Oscar, j'arrive verticale, 1500 pieds"
- "Fow India Oscar, maintenez verticale"

MAINTENIR la verticale ? Hé, ho, je pilote un DR400, pas un hélico ! Comment je fais pour rester à la verticale, moi ? Bon, je vais faire des ronds alors. Ca tombe bien, ya pas longtemps je me suis entraîné au dessus de la forêt, je devrais y arriver aussi au dessus de l'aérodrome.

"Fox India Oscar, intégrez en fin de vent arrière"

Bon, je n'aurai pas eu le droit à beaucoup de tours de manège. J'intègre, derrière un Cessna que la tour me signale, je l'ai vu, merci... Il n'avance pas ce mec... En plus il va faire son virage de 
base en plein au dessus du village.

Alors si je tourne au bon endroit, je vais être trop près de lui, si je tourne au dessus du village comme lui, je ne suis pas trop près, mais je tourne au dessus du village, et ça c'est pas bien.

Bon, coupons la poire en deux, je tourne au ras des premières maisons. Vitesse minimum, il se pose, je ne suis pas loin derrière...

- "Fox India Oscar, remise de gaz !"

Finalement, mon deuxième tour de manège, je l'aurai !

Je me pose, je demande à rouler au parking, en roulant je me dis que j'ai pas mal volé, ce qui me fait dire que j'ai dû consommer pas mal d'essence, correction, ce sera pour l'essence s'il vous plait.

Je rejoue au pompiste, je roule vers le club. Je vois sur la parking mon instructeur qui m'attend, je fais un grand coucou, je manoeuvre l'avion tant bien que mal en suivant ses directives (il bouge les bras dans tous les sens comme dans le manuel :o) ). Tant bien que mal, parce que cet avion a un palonnier un peu merdique, les manoeuvres au sol, c'est galère...

Je coupe le moteur, et voila... Avec les roulages, les petits tours à l'essence, les quatre avions au point d'arrÍt avant moi au départ, les "Je trouve pas le terrain" et les tours de manège à la fin, j'ai quand même logué 3h12.

Tiens, il me manque 6 minutes pour atteindre les 50 heures. Si j'avais su j'aurais fait un tour de manège de plus...