Inutile d'essayer de le contourner, mon instructeur décide de revenir à Lognes via Coulommiers. On se fera quelques tours de piste avant de se poser. Finalement, le CB arrivant à toute allure sur Lognes, on se pose tout de suite, et tous les avions dans le circuit nous imitent. Bilan, 45 mn de vol.
On rentre les avions, et une fois qu'ils sont en sÈcuritÈ dans le hangar, on se retrouve à 5 ou 6 du club devant ledit hangar, à regarder le CB approcher et grossir. On voit nettement le nuage se gonfler, c'est très joli (vu du sol en tout cas ! :-) ) et impressionnant (même vu du sol).
Les trombes d'eau qui dégringolent à quelques kilomètres sont clairement visibles, et comme elles finissent par nous arriver dessus, on se réfugie nous aussi sous le hangar. La grêle succède vite à la pluie, et ça tombe dru pendant plusieurs minutes. On a bien fait de rentrer les avions.
Le beau temps revient aussi vite qu'il s'était éclipsé, et voila mon instructeur qui me dit que je repars avec un autre instructeur. Ha bon ? OK. Et nous voila reparti. Pourquoi veut-il me faire faire un vol avec cet instructeur qui est pourtant assez pressé de rentrer sur Paris, mystère...
On fait trois tours de piste, et on rentre. Et là, l'autre instructeur me dit : "Bon, tu me déposes au parking". Alors que jusque là je ne pensais pas du tout à ça, quelque chose en moi fait tilt et je me dis : "Tiens, va-t-il me lâcher ?" Apparemment oui, puisqu'il me dit : "Viens avec moi remplir ton papier et tu repars tout seul".
Il me signe le papier, mon carnet de vol, me conseille de faire un complet ou deux avant de faire des touchers, me souhaite un bon vol, et hop, il se casse. Mon instructeur à moi a disparu... Bon, c'est pas ça qui va m'empêcher de redécoller.
Et hop, me voila parti. Je m'aligne, plein gaz, je décolle. Et là, pour la première fois, je pense aux récits de lâchers que j'ai lu sur la liste Pilotlist, en constatant qu'en effet, comme beaucoup le disaient dans leur récit, sans l'instructeur à coté, le petit DR-400 grimpe comme un malade !
En vent arrière, je repense aux récits en trouvant que c'est bien calme, ce cockpit, sans personne à qui parler. Beaucoup disent qu'ils en profitent pour exprimer leur joie en chantonnant. J'hésite sur le répertoire, et du coup je ne chante pas, me contentant de profiter autant que possible du temps magnifique, de la superbe vue sur Paris au loin, et surtout du fait de voler tout seul dans le ciel.
Et je tourne, je tourne. Un tour, deux, trois, quatre... Après tout, il ne m'a pas dit combien je devais en faire, donc puisque je suis bien, je tourne. Au cinquième, je me dis qu'avec les deux vols en double commande avant, j'arrive quand même à presque deux heures de vol dans la même après-midi, et que même si je continuerais bien à tourner, je vais commencer à être un peu fatigué et qu'il est préférable d'être raisonnable et de redescendre...
Je me pose donc après 44 minutes très précisément pour ce premier vol solo. Arrivé au club, je vois que mon instructeur a réapparu. Je fais comme si de rien n'était, je remplis la paperasse. Finalement il s'approche et me dit "Dis donc, tu en as bien profité !" Et je réponds innocemment : "Ha, tu m'attendais ?"
Comme ils ne sont plus que deux au club à cette heure, lui et un autre instructeur, la tournée générale sera d'une portée limitée, mais ce n'est pas une raison pour ne pas en profiter. C'est donc attablés à la terrasse du bar, en plein soleil, que l'autre instructeur me dit qu'il écoutait la
fréquence tour, et qu'il a été surpris de m'entendre repartir après le deuxième tour, et après le troisième, et après le quatrième...
Deux bonnes heures de discussions aéronautiques plus tard, on a pris tous les trois les chemins de nos chez nous respectifs... Bilan de la journée, trois vols, deux en double-commande et le premier solo, 1h57 de vol, et environ six heures de présence sur l'aÈrodrome. Et surtout, 44 minutes intenses, tout seul dans le ciel d'un bleu superbe, le soleil et l'émotion faisant grimper de quelques degrés ma température, j'ai pensé aux "colibris" de Pilotlist, à Jacques Darolles dans son Boeing 747, à Aeroman dans son CRJ entre Lyon et Caen, et à tous ceux qui m'ont précédé lors de ce grand moment qu'est le lâcher.
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