L'île d'Yeu est un endroit que je connais bien. Ma tante y a une maison, et j'y suis allé maintes fois en bateau. Après m'y être posé pour la première fois en juin dernier sur la route vers FOntenay le Comte, j'y vais pour la première fois en commandant de bord.
Samedi, 8h, debout ! En région parisienne, le plafond de nuages est très bas. C'est pas grave, on n'a pas l'avion avant midi. Je m'inquiète de mes passagers, qui se réveillent les uns après les autres. 11h30, nous voici à Lognes.
Nous avons beaucoup de bagages et nous sommes 4. Bah, le Régent embarque pas mal. Je vais mon devis de masse et centrage : 1122 kilos pour une masse max de 1100. Heu... C'est bizarre, de tête j'avais calculé moins ! Ha, si dans la case "réservoir central" je mettais 112 (kilos) et non 160 (litres), ça serait mieux. Et ça passe sans problème, pour le centrage aussi.
Ca secoue un peu, mais le plafond est tout bon, et la visi est excellente. On monte petit à petit en s'éloignant de Paris. Le ciel est tout bleu au dessus des nuages, on voit le soleil, et il y a de plus en plus de gros trous, c'est tentant. On grimpe, et le Régent monte à 1700 pieds/mn malgré 4 personnes à bord, 40 kilos de bagages, et pas mal d'essence.
Le niveau 65 sera un peu juste, on s'arrête donc au 85. Nantes Info signale à un IFR un VFR "à vos midi à 15 nautiques". Merde, on a un Airbus au cul ! :-) Il nous a au TCAS, a priori il ne devrait pas nous rouler dessus. Mais on ne le verra pas...
On se pose à Saint-Nazaire, après s'être poussés pour laisser passer un Airbus (un Beluga, qui transport des trançons d'Airbus) qui se pose avant nous.
Escale à la Baule pour regfaire le plein, et cap sur l'île d'Yeu. Une directe La Baule-Yeu nous ferait survoler 40 nautiques d'eau, et je ne suis pas chaud. On vise donc la pointe de Saint-Gildas pour traverser l'estuaire de la Loire, puis Noirmoutier pour passer la baie de Bourgneuf. Nous voilà au niveau 65, on va pouvoir foncer direct sur Yeu à présent.
C'est bon, on voit l'île et on commence notre descente. Personne ne répond à la radio, c'est pas bien grave. Verticale du terrain à 3500 pieds. Grand tour de l'île par la pointe du But, Port Joinville, et la pointe des corbeaux. Aux deux extrémités de l'île, les vagues se fracassent contre les rochers, soulevant de gros paquets d'écume. C'est un spectacle de toute beauté et on est bien contents d'être là...
Le vent est plein travers, mais on se pose sans problème. On va se garer à côté du DR400-120 d'Eric, qui s'ennuyait tout seul sur le parking. "Je ne m'attendais pas à avoir autant de trafic aujourd'hui" me dit l'agent AFIS, qui a déménagé son bureau depuis la dernière fois, pour cause de travaux. Lors de ma dernière visite, la tour était en construction, elle est désormais terminée, peinte en blanc pour s'intégrer au mieux aux autres bâtiments.
Pendant qu'on débarque les bagages de l'avion, l'AFIS me fait de grands signes de loin, et me crie "1 2 3 4 5 !" "Des amis à vous" entends-je malgré le bruit du vent et des vagues. On va donc utiliser la petite AR108 pour écouter 123.45. Chouette alors, c'est Yvan, un copain, qui nous fait un coucou depuis son Embraer au niveau 180 ! Ca c'est super sympa !
Le taxi nous emmène vers notre lieu de villégiature, où nous allumons le chauffage pour réchauffer la maison en attendant les vélos qu'on vient nous livrer à domicile. Puis cap sur Port Joinville, où nous commençons par une étape à l'incontournable bar de l'Escadrille. C'est toujours un plaisir de boite un verre dans ce bar dont les murs sont couverts de photos et dessins d'artistes d'avions et d'hélicos. Les chanteurs occupent la scène, et on se marre bien à chanter en choeur...
On reprend les vélos pour aller dîner dans un petit resto à la sortie de Port Joinville. Repas très sympa au cours duquel se succèdent les récits. C'est tout le charme des rencontres de pilotes, que de partager ensemble tous ces souvenirs aéro... Retour au bar de l'Escadrille, puis retour à la maison et dodo.
Dimanche matin, on enfourche à nouveau les vélos. En ce mois de janvier, l'île est déserte, on n'y croise que les Islais et quelques rares continentaux en week-end. C'est d'autant plus agréable et dépaysants pour les franciliens que nous sommes. A la pointe des Corbeaux, on gare les vélos et on progresse vers la pointe de rocher en rocher.
Le vent souffle bien et les vagues se fracassent sur les rochers. C'est aussi joli que vu d'avion hier, les embruns en plus... On mitraille pour immortaliser les paquets d'écume qui s'élèvent au dessus de la pointe au gré des vagues, puis on retourne aux vélos.
Poursuite de la balade à travers bois et petits groupes de maisons blanches aux toits de tuiles et aux volets bleus. J'ai beau ne plus compter mes séjours à Yeu , je ne m'en lasse pas... Puis il est temps de remettre le cap sur Port Joinville pour les derniers tours de pédalier avant de rendre les vélos au loueur. On s'achète des sandwichs pour ne pas perdre de temps, la nuit va arriver vite et on veut partir avec une confortable marge.
Décollage, et rapide traversée. La couche se soude en dessous, on appelle donc Nantes pour indiquer qu'on descend. ce n'est qu'à 1200 pieds qu'on passe sous les nuages. Le plafond remonte rapidement au fil des kilomètres. Les trois quarts du trajet se feront à environ 2000 pieds, pas de souci avec le plafond donc, et la visi est excellente. Ca secoue parfois un peu, mais c'est très supportable.
La vitesse indiquée est de 230 à 240 kilomètres à l'heure, mais le GPS nous indique à plusieurs reprise une vitesse sol de... 170 kts ! Près de 315 km/h quand même... On a le vent dans le cul, et il souffle bien ! Le voyage retour sera donc rapide : 1h45 bloc-bloc pour retourner à Lognes. Ce n'est pas mal du tout pour faire près de 450 kilomètres...
On descend un peu à l'approche de Paris, et de toutes façons, le plafond descend. A 3 minutes de Lognes, on n'est plus qu'à 1100 pieds QNH, sous la pluie. Mais les avions continuent de décoller... Verticale, vent arrière, et atterrissage en 26.
Bilan, 5h30 de vol en deux jours. Un week-end court, mais tellement dépaysant qu'on ne regrette pas d'avoir fait le voyage. On est toujours un peu tristes de quitter l'île d'Yeu, mais on a une consolation de taille : on sait déjà qu'on y reviendra.
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