mardi 14 mai 2002

Premier vol de nuit

Ce soir, j'ai commencé mon apprentissage de hibou avec mon premier vol de nuit en tant que pilote, après avoir volé de nuit comme passager à deux copains, à Dieppe et à Minden Tahoe, (Nevada).

21h10. J'arrive à Pontoise alors que le soleil baisse franchement sur l'horizon. Quelques nuages gris subsistent, éclairés par les derniers rayons du soleil, c'est joli ! L'aérodrome est désert, l'aéro-club aussi, il n'y a que mon instructeur, qui m'attend. On se dirige vers Delta Roméo, le petit Cessna 150. Il n'a volé que 40 minutes depuis le dernier plein, mais on va remplir ses réservoirs à ras bord quand même.

Vérification des feux de l'avion, perception des lampes de poches, prévol, et on embarque. En plus des manips habituelles, on tourne deux boutons de plus, pour allumer le plafonnier rouge, et éclairer les instruments. On commence à rouler vers le point d'arrêt 23 de Pontoise, alors que la nuit aéro commence. Clic clic clic pour allumer la piste. Alignement, plein gaz, rotation à 55 kt, et c'est parti. Montée à 65 kt. 300 pieds, volets 0, 75 kt au badin et on monte vers 2000 pieds.

- On va faire un peu de VSV, tu ne regardes que tes instruments !
- OK...

Je me retrouve avec un grand cache devant moi, et je m'applique à regarder mes pendules. Horizon, alti, horizon, conservateur de cap, horizon, VOR pour garder l'aiguille bien centrée, horizon... 2000 pieds. On va faire un peu de mania.

- Lâche les commandes, regarde tes genoux, je te le mets dans des positions inhabituelles et tu le rattrapes. (...) A toi !

Je regarde mon horizon : le 150 est incliné à 30° à droite, et en légère montée. Je pousse doucement, tout en remettant les ailes à plat. Fastoche pour cette fois. Du coup, la deuxième fois, il me secoue davantage avant de me redonner les commandes. Les yeux sur mes genoux, je n'arrive plus à suivre les mouvements de l'avion, et je sens nettement que mes sens décrochent.

A moi les commandes. Je regarde l'horizon : l'avion est presque sur la tranche, et franchement en descente. Il me faut un quart de seconde avant de trouver de quel côté tourner le manche. Réduction des gaz, ailes à plat, ressource souple. Ouf !

Maintenant, je vais suivre des "caps radar" qui vont m'amener en finale, si tout va bien. Tout cela en descendant à 500 ft/mn. je tourne, je tourne, je tourne encore, suivant différents caps. Finalement, le cache devant moi est enlevé. Droit devant, la piste illuminée.

Je me fie au PAPI pour déterminer mon plan de descente. OOups, une 3e rouge, je cabre légèrement le petit 150. Deux blanches, deux rouges. C'est mieux.

- Lâche le manche ? OK, il est bien compensé, ne touche plus à rien !

La piste arrive sur nous, on commence à distinguer les marques de la piste. Réduction des gaz, on lève le nez, et on attend. Toucher à peu près en douceur et on repart.

Deuxième tour de piste, deuxième toucher, sous la pluie qui s'est mise à tomber. La piste est de plus en plus mouillée et les balises se reflètent sur la surface humide. Suivent deux tours de piste standard, avec virage au taux 1 pour faire un hippodrome.

Troisième toucher. La piste s'éteint en courte finale. Clic clic clic, elle se rallume, mais entre temps, dans le noir, je suis un peu passé sous le plan. Dernier tour de manège, dernier atterro. Il est temps de rentrer au parking, Pontoise ferme à 22h30.

Les marques bleues des taxiways brillent dans les lumières du phare, comme brillent les yeux des lapins qui s'enfuient devant le 150. Retour au parking. Arrêt du moteur, le calme revient sur l'aérodrome. La lune s'est levée. 1h02 de vol de nuit. Ca y est, je suis un apprenti hibou ! 

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