Dans le cadre de ses activités, ma compagnie couvre la France et l'Europe, mais aussi l'Afrique du Nord. Depuis mon arrivée, je n'avais pas encore eu l'occasion de profiter d'une mission vers le Maghreb. Jusqu'au mois dernier.
Décollage matinal du Bourget, et cap vers le sud. Je passe mon iPhone à mon captain pour qu'il puisse photographier le soleil qui se lève sur la gauche de l'avion. On ne se lasse jamais de regarder l'astre solaire apparaître au-dessus de l'horizon dans un festival de couleurs chaudes, du jaune au rouge en passant par toutes les nuances d'orange...
Peu de temps après, alors qu'on a eu une directe sur le VOR d'Agen, je shoote le GPS, en regrettant de ne pas l'avoir fait une minute plus tôt, alors qu'on était encore à 900 NM (1 667 km) de notre destination... On n'est pas rendus !
On poursuit notre petit bonhomme de chemin vers l'Espagne, et nous finissons par arriver sur les Pyrénées. Grosse interrogation avec mon captain : Ca va passer ou pas ? Grâce à un instrument extrêmement sophistiqué (le pouce tendu droit devant nous), nous confrontons le résultat de nos observations respectives, et estimons que oui, ça devrait passer (mais sans en être sûr à 100%...)
Ouf, c'est passé ! On poursuit notre route au-dessus de l'Espagne, ses paysages arides et ses innombrables éoliennes. Et voici enfin la mer !
Après une couverte traversée, apparaît la terre marocaine, et donc le continent Africain...
Je me rappelle très bien la première fois où j'ai aperçu l'Afrique. C'était en Cessna 172, en mai 2003, lors de notre traversée au large de Gibraltar. J'avais ressenti une excitation toute particulière, et les souvenirs de mes lectures d'enfant, de livres d'aventures africaines, m'étaient revenus. J'y étais retourné l'année suivante pendant le rallye Toulouse-Saint Louis du Sénégal.
"Ca fait 6 ans et demi que je n'avais pas mis les pieds sur le continent africain", dis-je à mon commandant de bord. Je le vois compter sur ses doigts, puis faire un grand sourire et me dire : "Ha bah moi, ça fait 17 jours !" Pffff... :-)
Après la côte, on survole la partie orientale du Rif, cette chaîne de montagnes qui traverse le nord du Maroc.
Après la montagne, voici les plaines cultivées. Le nord du Maroc est extrêmement vert, et c'est une fois passé Agadir, en route vers le sud, qu'il devient de plus en plus désertique. Mais aujourd'hui, nous n'irons pas si loin vers le désert.
Il fait un temps superbe, et j'effectue donc une approche à vue. On passe à la verticale du lac formé après la construction du barrage Idriss 1er, en 1973, pour arriver en base éloignée. Virage à droite, et me voilà en longue finale 27. Après l'atterrissage, on va se garer au pied de la tour, toute blanche mis à part la vigie vitrée. Le parking est désert, nous sommes le seul avion (Fès est pourtant le deuxième ville marocaine en terme de population).
On va jusqu'à l'aérogare. Devant l'aéroport, passe un bus aux couleurs de la RATF (Sans doute la régie autonome des transports de Fès !)
Après deux heures sur place, c'est reparti ! Dès la clearance initiale, on est autorisé à monter à notre niveau de croisière, le FL270 (8 230 mètres). On repasse au-dessus du lac, puis on survole le Rif, et revoici la Méditerranée.
L'Espagne file sous nos ailes, et nous abordons à nouveau les Pyrénées, cette fois avec une belle lumière de fin de journée qui éclaire partiellement les sommets, me permettant de faire cette jolie photo :
Puis le soleil se couche, toujours sur notre gauche (bah oui, on a fait un 180° depuis ce matin !) et je confie donc à nouveau mon iPhone à mon captain pour qu'il prenne quelques photos de son côté :
Un peu après Toulouse, on a obtenu une directe vers BALOD, notre IAF. Et pendant la descente, on a une vitesse sol pas trop inintéressante (352 noeuds, soit plus de 650 km/h).
Malgré le vent de travers, mon captain fait un kiss sur la piste 27 du Bourget, et c'est sous la pluie qu'on arrive au parking. Le grand ciel bleu et les 18° de Fès sont déjà loin !
Au total, pas loin de 9 heures de vol dans la journée. Avec 4h30 de vol bloc-bloc à l'aller, je bats mon record du vol le plus long en King Air (qui était de 3h55 sur le vol Poitiers-Katowice, en Pologne, en juillet dernier). Je n'ai par contre pas battu (mais égalisé) mon record du vol le plus long, puisque j'avais également fait un vol de 4h30 en 2004.
C'était aussi sur la route du Maroc, puisque c'était la première étape du Toulouse-Saint Louis, en Cessna 172, entre Toulouse et Alicante (Ya pas à dire, le Beech 200 est plus rapide, puisque pour la même durée, il est parti de bien plus au nord et est allé bien plus au sud ! :-) ).
En rouge, la branche aller, et en bleu le vol retour.
10 commentaires:
Hello Olivier,
Juste un petit mot, pour te dire que je trouve tes photos (avec le couché de soleil) magnifiques.
Puis c'est toujours un plaisir de lire tes récits de vols.
Bonjour,
C'était sans doute un vol magnifique :)
Mais une arrivée au Bourget avec 20°C de moins par rapport au Maroc doit être moins excitante !
Absolument terrible ! Par contre, c'est pas l'inverse pour les couleurs? Tu dis qu'au retour, vous avez eu une directe dès que vous aviez passé les pyrénées, ça correspond mieux à la courbe rouge, ou alors j'ai rien compris :)
Merci pour ce récit et pour ces superbes photos !
Laurent
JM > Merci !
Arnaud > Il ne faisait pas si froid que ça au Bourget à ce moment là, en fait... Mais on avait quand même perdu quelques degrés !
Anonyme > Non non, c'est bien ça. On a dû avoir la directe un peu plus tard... J'ai corrigé le texte.
Chouette récit et belles photos Olivier ! Tout ça donne envie...
Tout simplement magnifique! Merci Olivier
salut
Bravo pour ton blog, c est toujours un plaisir de le lire.
Interdiction de le stopper ! ;-)
Depuis que je lis tes récits, je me suis mis à réver de CPL, ATPL, etc..
Donc merci et bon courage.
Thierry
Très sympa ce récit ! Et que dire des photos...
Super Olivier ;)
Toutes ces photos qui sont si belles sont faites avec un I-Phone? Mais c'est qu'il à de la ressource, finalement, ce gadget...
Comme d'habitude, vos textes et photos nous font rêver... Et à l'image de Thierry juste au dessus, je rêve d'abréviations et d'initiales (PPL, CPL, ATPL, ...).
Merci encore!
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