Ma dernière lecture en date : l'autobiographie de Jacqueline Cochran, "Les étoiles de midi" ("Stars at noon" en VO), dont je viens d'acheter un exemplaire de l'édition originale, publiée en 1955 par les éditions France Empire.
Jacqueline Cochran est une des plus célèbres aviatrices américaines. Elle fut la concurrente d'une autre Jacqueline, qui battait elle aussi des records, de l'autre côté de l'Atlantique : notre Jacqueline Auriol. Les deux femmes étaient amies (elles s'appelaient mutuellement "Jackie"), et l'Américaine a d'ailleurs demandé à la Française d'écrire la préface de l'édition française de son livre.
En 1937, elle est la première femme à participer à la Bendix Race. La même année, elle bat le record de vitesse féminin. Mais les records "féminins" ne l'intéressent pas, ce qu'elle veut, c'est faire mieux que les hommes. Elle sera la première femme au monde à accomplir de nombreux exploits. Elle est la première à faire un atterrissage sans visibilité. En 1941, elle est la première femme à traverser l'Atlantique aux commandes d'un bombardier pour le convoyer en Angleterre. Pendant la seconde guerre mondiale, elle met en place le Women's Auxiliary Army Corps (WAAC) et les Women Airforce Service Pilots (WASP).
Après la guerre, elle commence à piloter des jets. En 1953, elle est la première femme au monde à passer le mur du son, à bord d'un Sabre F86, avec Chuck Yeager comme ailier. Elle est également la première femme à décoller et à se poser sur un porte-avions, et la première à atteindre Mach 2.
Et pourtant, la vie ne la prédisposait pas à cette carrière hors du commun, comme les toutes premières lignes de son livre le font comprendre d'emblée : "Jusqu'à l'âge de 8 ans, j'ai vécu pieds nus. Mon lit n'était qu'une paillasse sur le sol, et bien souvent le sol lui-même. Ma nourriture me permettait de ne pas mourir de faim, et parfois il me fallait la trouver dans les bois ou dans le bayou le plus proche. Le mulet aux haricots formait la base de notre alimentation avec, dans les meilleurs jours, un petit morceau de lard ou une poignée de pois chiches... Jamais de beurre ni de sucre. Jusqu'à l'âge de 7 ans, j'ai porté d'informes sarraux de jute taillés dans de vieux sacs à farine."
Au delà de ses exploits aéronautiques, elle fut aussi une femme d'affaires, voyagea beaucoup, assistat à la capitulation du général Yamashita aux Philippines en 1945, se rendant en Chine, où elle rencontra la femme de Tchang Kaï Tcheck, puis Mao, puis en Russie. Elle fut l'amie de plusieurs généraux, dont Eisenhower qu'elle incita fortement à se présenter aux élections présidentielles de 1952 qu'il remporta.
A la fin de son livre, en racontant ses vols sur le F86, elle écrit : "Au moment où je montai à haute altitude pour franchir le mur du son, je remarquai que le ciel s'assombrissait jusqu'à devenir d'un bleu foncé. le soleil, à ces hauteurs, est un globe étincelant, mais l'air ne contenant presque plus aucun particule de poussières, ne peut retenir et réfléchir les rayons solaires. Ce que nous appelons sur terre la lumière du soleil n'existe plus. La voûte céleste perd de son éclat, et c'est alors que l'on peut voir, en plein midi, briller les étoiles."
2 commentaires:
Chapeau bas, Madame, vous avez tout mon respect.
Partie de rien, arrivée bien plus haut que bien des hommes...
Et après, je repense à ce que certains congénères me glissent à l'oreille, un air complice et fier sur le visage, sur les femmes en générale...
Ce qu'elle vivait au quotidiens, beaucoup rêvent de l'expérimenter, ne serait-ce qu'un fois...
(perso, la citation à la fin... Ben ça donne envie!)
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