mardi 22 novembre 2011

Bastia, Cannes et Lille


Sleep Cycle me réveille en douceur, il est 5h45. Une douche et quelques kilomètres plus tard, j'arrive au Bourget vers 6h30. Première chose qu'on fait avec le captain : changer la config de l'avion, parce que nous aurons aujourd'hui deux civières à bord. On enlève donc deux fauteuils club pour les remplacer par une civière. L'autre patient sera allongé sur la banquette de l'autre côté du couloir.

8h, tout le matis est à bord (deux matelas à dépression, une barquette, deux sacs médicaux, deux bouteilles d'oxygène, un scope, un aspirateur à mucosités, et j'en oublie), le médecin et l'infirmier aussi, on peut mettre en route. A côté de nous, un avion moche de chez Twin Jet (qui n'a que des Twin Prop, va comprendre, Charles !)


Le Beech 1900 est vraiment l'avion pas beau de la série. Les 90, 200 et 350 sont sympas (le 200 étant, de mon point de vue, le plus équilibre au niveau silhouette : ni trop court comme le 90, ni trop long comme le 350. Et je ne dis pas ça parce que j'en pilote un, je le pense vraiment !)

Il ne fait pas beau au Bourget, mais dès qu'on montre un peu, on passe on top :


Pour une fois, j'ai pris l'appareil photo avec moi, et je peux faire une photo de la turbine sans avoir 15 pales tordues comme avec l'iPhone ! :-)


La première étape de la journée est relativement longue : Le Bourget-Bastia. On arrive à négocier assez rapidement une directe vers la côte, puis directement vers Bastia. Il fait super beau, on voit bien les Alpes.


On survole le petit terrain de Barcelonette, où j'étais allé au mariage de deux amis pilotes voici quelques années déjà.


Avec la visi qu'on a, on voit rapidement la Méditerranée, et les montagnes corses se dévoilent rapidement à l'horizon...


Devant nous, le golfe de Saint-Florent et les montagnes du cap Corse. On va passer par le col de Teghime (point NW de Bastia).




Le plan est de demander une approche à vue à Bastia, et pour gagner encore plus de temps, on aimerait bien se poser sur la piste 16. Mais deux avions sont devant nous : un 319 d'Air France et un ATR de Corsica. Le deuxième demande une approche à vue, et le contrôleur lui répond que ça dépendra de l'AF... qui demande une approche à vue également.

Malheureusement pour nous, les deux se posent en 34. Le contrôleur nous demande de nous reporter en vent arrière 34. Je collationne tout en lui indiquant que si le précédent a dégagé la piste avant qu'on croise l'axe de la 16, on est preneur de la piste 16. Et c'est ce qui se passe. On est un peu haut, mais mon captain rattrape ça de main de maître. Et nous voilà posés à Bastia.


Il fait super beau en Corse, et 18 degrés ! Les médecins partent chercher le premier patient, on le charge à bord, et c'est reparti. Le deuxième vol sera court : on traverser juste la mare pour aller se poser à Cannes. Procédure sympa : LOC DME 35 suivi d'une manoeuvre à vue pour la piste 17. Cannes est un terrain sensible aux nuisances sonores (beaucoup de gens friqués dans le coin qui n'aiment pas le bruit). Il faut se briefer sur le site de l'aéroport et imprimer un papier prouvant qu'on l'a fait.

A Cannes, il fait aussi beau qu'à Bastia :


On fait le pétrole, on va se faire une bonne bouffe au resto de l'aéroport, et on retourne à l'avion attendre le médecin et le second patient. Et c'est reparti ! Le décollage en piste 17 est bien sympa, on voit bien la côte et les Alpes au fond. On voit bien le golfe de la Napoule, Cannes, le cap d'Antibes qui s'avance dans la mer, et avant lui, les îles de Lérins (à gauche la plus grande, l'île Sainte-Marguerite, et à droite l'île Saint-Honorat où se trouve l'abbaye de Lérins).


On laisse sur notre droite les Alpes, cap vers le nord et vers Lille, pour un vol un peu long, donc, puisqu'on traverse toute la France métropolitaine du sud au nord.


Au nord de Lyon, on retrouve la couche nuageuse soudée qu'on avait laissée derrière nous tout à l'heure. On voit clairement la limite de la couche :


Le vol se poursuit tranquillement, et nous atterrissons à Lille avec le soleil dans la figure, et on a du mal à trouver la piste alors qu'il fait CAVOK ! A Lille, il fait donc grand beau temps, mais nettement moins chaud qu'à Bastia et à Cannes...


Pendant qu'un de nos patient est reconduit à l'hôpital, le soleil se couche sur l'aéroport et sur le Beech.


On décolle peu de temps après la photo précédente, et on voit le soleil se coucher, enfin non, d'ailleurs, se lever, puisqu'au fur et à mesure qu'on prend de l'altitude, on a l'impression qu'il est de plus en plus haut sur l'horizon ! C'est assez rigolo.


Mais il finit quand même par se coucher complètement...


On inaugure les nouvelles procédures d'arrivée sur Paris, mises en place le 17 novembre avec le relèvement de 1000 pieds (300 mètres) des interceptions des loc dans le cadre du Grenelle de l'Environnement... La nuit est bien tombée quand on arrive en région parisienne.


Et c'est par un kiss landing que je termine cette longue journée (12 heures entre mon arrivée et mon départ du Bourget, donc 6 heures de vol).

6 commentaires:

Aurélien a dit…

Génial!! ça a du être une journée super sympa!! ;)

Anonyme a dit…

Super vol et super photos ;-)

JP a dit…

Merci pour ce beau récit!
Longue journée, tu étais en repos les lendemain, j'imagine ?

LJ35 a dit…

Paul > Merci !

JP > Non, pas du tout. 12 heures de récupération, et j'étais à nouveau déclenchable.

Anonyme a dit…

Merci pour ce récit, c'est toujours intéressant.
Pour l'horizon et le soleil, tu décris un phénomène qui est occulté dans les manuels d'instructions. En instruction, l'horizon est la référence de l'horizontale, alors que tu viens de constater que ça n'est pas vrai. L'horizontale est le plan perpendiculaire à un fil à plomb.
L'horizon ne donne la référence de l'horizontale que si tu es infiniment proche du sol. Plus tu es haut, plus l'horizon est bas par rapport à l'horizontale. C'est géométrique.
Pour deux avions identiques de même centrage et même masse, à même vitesse indiquée, à pilote de taille identique, mais à des altitudes différentes, le repère capot (hauteur entre l'horizon et un point donné du capot) sera différent. Alors que l'attitude des deux avions par rapport à la véritable horizontale est identique.
La différence est due uniquement à l'altitude des avions. Sur un petit avion, ça peut se percevoir, en plaine bien sûr, car il ne faut pas que l'horizon soit perturbé par le relief.
Ce que je ne sais pas, car je ne vole que sur un petit avion, c'est si l'horizon artificiel des gros avions est calé sur l'horizon, ou donne une référence réellement horizontale.

cuicui a dit…

Perso, je trouve que le 1900 a de la gueule
Question de point de vue.
À bon entendeur... Super blog