samedi 24 juillet 2010

Le plus beau bureau du monde

21h30, j'arrive chez moi. J'ouvre mon carnet de vol électronique. Deux vols aujourd'hui. Ha non, en fait, trois. Même, pour mon horloge interne, c'était hier, puisque j'ai fait une nuit complète depuis, mon vol de retour de Lorient a bien eu lieu aujourd'hui.

16h30, hier, un des autres copis me propose un barbecue avec les collègues. Cool ! 17h30, le téléphone pro resonne .

- Olivier, on part à Lorient à 19h30 !
- Ho merde, et le barbecue ?
- Bah ouais je sais bien, c'est chiant, mais c'est comme ça !

19h15, on réalise que le premier point de notre plan de vol est vraiment bizarre. Mon captain me demande d'aller dans l'avion voir ça avec la tour, pendant qu'il va voir si les médecins sont arrivés. Il me bippe quand ils sont là. Je file dans le Beech et je demande quel sera notre départ. Le contrôleur m'indique qu'i y a un problème avec le plan de vol, que notre premier point n'est pas accepté, et qu'il faudrait qu'on le change.

Au même moment, je vois que mon pro sonne, c'est le captain. Je réponds à la tour qu'on a constaté l'anomalie, qu'on est EVASAN, que les médecins sont arrivés, et que si le contrôleur pouvait nous arranger le coup, ce serait super. 5 minutes après, c'est résolu. Je remercie vivement le contrôleur, et demande la mise en route.

Ma prévol s'est fait sous la pluie et dans le vent, ça cumuléifie grave autour du Bourget. Sur la branche aller, je suis PM. Mon captain décolle l'avion, me dit "T'as bien serré ton harnais ? " et paf, nous voilà dans les gros cumulus, et ça secoue un peu. Et tout d'un coup, on ressort des nuages, et le spectacle est superbe. "Wow, regarde comme c'est beau !" que je fais à mon boss. Malheureuement, on est un peu occupé sur le départ, et je ne peux pas prendre de photo.

Un peu plus tard, on est plus tranquille, et je dégaine pour prendre cette photo (mais c'était tellement plus beau 15 mn avant…) :


En descente vers Lorient, je prends l'ATIS. Je note, et je dis à mon captain : "Ya un truc à la fi, aussi bien en anglais qu'en français, je ne comprends pas !"

- Tu veux que j'écoute ?
- Nan, attends, je réécoute un coup.

Bon, finalement, je pige le truc. Lorient est une base aéronavale, celle de Lann Bihoué, et l'ATIS indique qu'il y a des brins d'arrêt sur la piste. Ok, on intègre ça dans le briefing. Un peu plus tard, l'approche nous rappelle la présence de brins d'arrêt. Je collationne, mais le contrôleur insiste : "Ce sont des brins d'arrêt."

- J'ai pas dit ça ?
- Non, je crois que tu as dit "Points d'arrêt"
- Huhu... :-)

Bref, le chef arrive à se poser *après* les brins d'arrêt, et tout se passe bien. Le seul truc con, c'est que comme il s'est posé court, on a backtracké, et on n'a pas eu le taxiway sympa qui passe dans la forêt.

Une fois les médecins partis, on sort nos plateaux-repas, et à taaaable !


Après avoir bien mangé, on sort pour regarder le coucher de soleil :


Même une fois qu'il est couché, c'est bien joli !


Vers 1h15, les médecins sont revenus, et on repart. Je m'aligne, je roule doucement pour rouler sur le brin d'arrêt, et commencer la course de décollage après. Et c'est parti. On fonce à plus de 300 noeuds sol, et on baisse l'éclairage pour pouvoir regarder, dehors, les villes illuminées qui défilent sous nos ailes.

Mon captain demande à De Gaulle une arrivée courte. On longe le périph, et mon chef cherche la tour Eiffel, mais ne la trouve pas. Je lui dit qu'elle doit être éteinte.

- Bah non, elle est jamais éteinte !
- Mais si, regarde, le Champ de Mars est là, tu vois bien qu'elle n'est pas allumée
- C'est bizarre, ça !
- Tu crois qu'on est bien à Paris ?

Il est 2h tout rond, et nous voilà d'humeur farceuse. Je suggère : "Tu demandes au contrôleur ?"

- De Gaulle, IBJ 223 Bravo, vous nous confirmez qu'on est bien à Paris, parce qu'on ne voit pas la Tour Eiffel
- Répétez ?
- Heu... C'est une blague, en fait, on ne trouve pas la Tour Eiffel
- Ha, elle doit être éteinte, parce que je ne la vois pas non plus.

2h10, je pose le Beech sur la piste 23 du Bourget, tout en douceur (Je le souligne, parce que c'est pas tous les jours comme ça !) 3h, je me couche. Et l'après-midi, je fonce à Toussus pour faire voler mes élèves.

Et ce soir, en écrivant ce billet, je regarde à nouveau sur l'iPhone les photos du vol d'hier soir, et je m'arrête un instant pour admirer celle-ci. En vol, entre Paris et Lorient, la vue de la fenêtre de mon bureau. Le plus beau bureau du monde...

2 commentaires:

shred a dit…

t'as de la chance !

fiuuu a dit…

effectivement : un tres joli bureau ensoleillé