jeudi 9 décembre 2010

Le Bourget sous la neige

Tranquillement au chaud à la maison, je regarde la neige tomber et les centimètres de poudreuse s'accumuler dans le jardin, en me félicitant de ne pas avoir à sortir sur les routes...

13h58, le téléphone sonne. On doit partir à Clermont-Ferrand pour y amener un équipage d'une compagnie régionale qui ramènera un avion et des passagers de la capitale auvergnate. Le temps de me changer, et je me mets en route sans tarder, ne sachant pas combien de temps je vais mettre pour rallier le Bourget.

La nationale glisse un peu, je roule donc au pas. Puis ça commence à bouchonner... Pas d'embouteillages sur l'A86 et l'A3, mais ça roule au pas vu les conditions météo. Mais au moins, ça roule. C'est dans la bretelle entre l'A3 et l'A1 que ça se gâte. On est complètement arrêtés, et ça dure, et ça dure.


Une grosse demi-heure plus tard (pour faire moins d'un kilomètre), j'arrive sur l'A1, où ça roule à peu près. Avant de bouchonner à nouveau dans la sortie vers le Bourget. A nouveau une demi-heure pour faire quelques centaines de mètres...


Du coup, j'ai le temps de prendre des photos, les arbres sont tout blancs, c'est très joli !


Après 1h30 dans la voiture (contre 15 à 20 minutes en temps normal), me voilà au Bourget. Les parkings sont tout blancs, et les avions aussi...


On prépare l'avion et le vol, et puis c'est l'attente de nos passagers, qui sont eux aussi coincés dans les embouteillages. Le King Air les attend sagement...


Les deux pilotes et les deux PNC arrivent enfin, et nous voilà partis. Roulage prudent sur les taxiways enneigés, surtout dans les virages qu'on prend sur la pointe des pneus. Au Bourget, quand on est face à l'est, les décollages se font sur a piste 09 et les atterrissages sur la piste 07. Mais au moment de notre départ, la piste 09 est pleine de neige, et les décollages se font donc sur la 07. Mon captain est PF. Un peu avant 80 noeuds, ça commence à glisser un peu. Encore 15 kt à prendre, et c'est la rotation : on est mieux en l'air qu'à rouler à près de 180 km/h sur la piste légèrement glissante !

Vol sans histoire jusqu'à Clermont-Ferrand, ça ne givre quasiment pas ! Pendant la descente, on profite d'un joli panorama, avec les nuages sombres se détachant sur le ciel plus clair, sous la luminosité de la lune...


Alors qu'on dégage la piste, le contrôleur nous prévient qu'on a un créneau 7 minutes plus tard. On n'arrête que le moteur de gauche (côté porte), mon captain accompagne les passagers pendant que je reste à mon poste, et c'est reparti dans la foulée. Temps passé au bloc : moins de 5 minutes.

Au décollage, ça secoue sévère. Je laisse mon captain faire office d'auto-manettes, préférant tenir le volant à deux mains ! Puis ça se calme, revoilà la Bourget. La piste a été bien dégagée, et ça ne glisse plus du tout. Par contre, notre parking est encore tout enneigé.


On a une deuxième mission en fin de soirée, mais là aussi, il faut attendre les passagers, qui nous appellent pour nous prévenir qu'ils quittent Orly. On n'est donc pas prêts de les voir arriver ! Une fois de plus, le Beech 200 attend sagement de repartir dans le ciel nocturne...


Pendant ce temps, un Falcon 50 attend de pouvoir décoller. A l'intérieur, la chanteuse Shakira qui doit se demander si elle va pouvoir arriver à temps pour son concert à Francfort. Son captain réussit à avoir un créneau pour Cologne (à 200 kilomètres de là !). (Finalement, son concert sera annulé et 11 000 fans l'auront attendu pour rien...)

Finalement, nos passagers arrivent, et des fonctionaires du FMI, qui attendaient désespérément un taxi pour rejoindre leur hôtel, se précipitent. On roule avec précaution sur le parking encore plein de neige, puis plus normalement vers la piste 25, les taxiways étaient maintenant parfaitement bien déneigés.

A Vannes, c'est grand beau temps, et je pose le King Air à vue tandis que mon captain fait la radio en auto-info. Le pompier nous attend devant l'aérogare. Comme tout à l'heure à Clermont, on n'arrête qu'un moteur, et on repart immédiatement. J'appelle Brest par téléphone pour clôturer le plan de vol et demander la mise en route pour le retour. Et c'est reparti.

On passe entre Rennes et Nantes, puis on longe la ville du Mans toute éclairée. Avec un bon vent dans le dos, on file à plus de 300 noeuds, et voici déjà la région parisienne. On survole la N118 qui n'est qu'un long ruban de feux rouges, ceux des voitures en galère, alors qu'il est 1 heure du matin. Je dis à mon captain qu'on devrait faire l'info trafic. Je ne crois pas si bien dire...

De Gaulle nous fait un guidage radar aux petits oignons pour nous raccourcir. Et puis le contrôleur nous demande :

- IBJ208D, vous voyez le périphérique sud ?
- Oui, on le voit
- Ca roule comment, s'il vous plait ?
- Pas trop mal, mais par endroits c'est bien chargé.
- Ok, merci !


Après quatre étapes et 5 heures de vol, je quitte le Bourget, et rentre chez moi en 20 minutes sur une 1A3 et une A86 parfaitement dégagées (mais avec des files de camions garés sur la voir d'arrêt d'urgence), en faisant quand même attention une fois en ville, où ça glisse un peu...

3 commentaires:

Golfcharlie232 a dit…

Que d'aventures, tu dois etre bien content de retrouver ton chez-toi apres une journée (nuit plutot) pareille ... :)

Sylvain a dit…

La neige en à surpris plus d'un! Mon chef à d'ailleurs passé sa nuit au bureau à Satory!!

Surpris que vous n'ayez pas rencontré de givrage vu les conditions... J'en profite pour oser une question: comment se détecte, puis se combat le givre en cours de vol?

clopino a dit…

Merci encore une fois pour ces aventures aériennes! fly safe!