samedi 31 décembre 2011

Ma nuit de Noël

Cette année, j'ai choisi d'être d'astreinte les 24 et 25 décembre, pour pouvoir être de repos pour le réveillon de la Saint Sylvestre. L'an dernier, j'avais pu livrer un joli cadeau de Noël en apportant un organe, mais en contrepartie, j'avais passé mon réveillon de Noël en tête à tête avec mon captain (pas un de mes préférés, en plus), devant un plateau-repas dans une petite salle tristounette d'un aéroport de province désert, avec en fond sonore l'émission débile de TF1 regardée par le vigile dans la pièce d'à côté. On fait plus sympa comme réveillon !

Cette année, je passe le réveillon du 24 au soir en famille en espérant avoir le temps de manger avant de partir. L'apéro se termine et on commence le repas, pour le moment, tout va bien. Aucun coup de téléphone du boulot avant la fin du repas, je suis bien content, ça se passe mieux que l'année dernière. Je vais me coucher vers 23 heures en espérant pouvoir aussi être en famille pour le repas de midi du 25.

Le téléphone sonne vers 2 heures du matin pour un décollage prévu à 3h30. Les chirurgiens arrivent en retard, et ce n'est qu'à 4h10 qu'on quitte le bloc pour aller chercher un foie (l'organe le plus long à prélever). Le challenge, maintenant, est de rentrer à temps pour le repas de midi !

Sur la fréquence, on entend des grelots.

Moi : Je crois qu'on vient de voir passer le traineau du père Noël
Le contrôleur de l'approche : Ha ? ET vous avez vu une étoile filante ?
Moi : Ha non ! Vous n'avez pas entendu les grelots ?
Le contrôleur : Ha non, je n'ai rien entendu
Moi : Ha, ça devait être sur 121,5 alors !

C'est en effet sans doute sur la fréquence de détresse, que nous veillons sur la COM2, qu'un collègue facétieux a fait passer quelques secondes de bruit de grelots...


On atterrit à 5h15, et je pars à l'hôpital avec les chirurgiens qui se proposent d'essayer de me trouver un endroit pour dormir (il fait 2 degrés à l'aéroport, et aucun endroit n'est ouvert pour nous). Mon captain décide de rester dormir dans l'avion. Au CHU, on me trouve une chambre de garde dans laquelle je suis tout seul. Je me couche dans un vrai lit, et la coordinatrice me réveille 3h30 plus tard.

On redécolle à 10h20. Sur la fréquence, les classiques "au revoir" sont remplacés par "Joyeux Noël". C'est une journée particulière, et ça se sent aussi à la radio, l'ambiance est plus sympa que d'habitude entre contrôleurs et pilotes. On se pose au Bourget à 11h25. Le temps de bâcher l'avion, de faire les papiers et de rentrer, j'arrive à la maison à 12h15, pile poil à l'heure pour commencer l'apéro.

Une nuit de Noël parfaite cette année, donc, qui m'aura permis de concilier dîner du 24 et repas de midi du 25 en famille, et une mission pour livrer, comme l'an dernier, le plus beau cadeau de Noël. Seul regret, je n'ai pas pris le temps de m'acheter un bonnet de père Noël que j'aurais bien aimé porter en vol ce jour là.


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Well done ..! et j'en profite pour te remercier pour tes récits que j'attends chaque semaine avec impatience; je te suis depuis tes débuts, et souhaite que 2012 te mette le feu au derriere !
Meilleurs voeux ; tres cordialement
Appo

LJ35 a dit…

Appo > Merci pour le compliment et pour tes remerciements. J'aimerais bien en effet que 2012 soit l'année du passage à l'étape suivante : passage sur jet, sur gros biturboprop, ou a minima passage captain sur Beech ! Wait and see ! :-)

Petit Cabri a dit…

Je suis déçu... Même pas une vidéo du père Noël... hihihi
Bons vols à toi, bon courage pour cette année..
Si tu valides ton ATPL, cela change quoi ? tu changes de job ?? pour trouver "mieux" ?? ou différent ?

ThomasM a dit…

Merci pour ce récit! Je suis également un lecteur assidu et c'est grâce (à cause :-)) de toi que j'ai décidé de me reconvertir. C'est vrai que ca à l'air de ne pas toujours être évident de concilier boulot et vie. Au fait quand tu parles d'apéro au reveillon, c'est sans alcool ?

LJ35 a dit…

Petit Cabri > Les grosses compagnies préfèrent embaucher un ATPL plutôt qu'un simple CPL.

ThomasM > Quand je suis d'astreinte, apéro sans alcool évidemment !