dimanche 18 décembre 2011

Information de trafic, un A330 en montée, 1000 ft sous la clairance

Après un petit dîner en famille et une soirée chez un pote, je suis bien content de retrouver mon lit vers 0h45. Dix minutes plus tard, le téléphone sonne. Décollage à 2h15. La journée n'est pas finie, et elle va être plus longue que prévue.

Il fait très beau, et je fait la branche aller, prévoyant déjà une approche à vue sur notre terrain de destination. Avoir la carte 500 000e dans l'iPad, c'est bien pratique pour situer le terrain par rapport à la ville et le repérer plus facilement. Je le repère longtemps à l'avance, et je me fais plaisir avec l'approche à vue et à la main avec un bon vent qui nous donne une sacrée dérive (la piste est régulièrement masquée par le montant du pare-brise côté captain, ce qui n'aide pas vraiment).

Une fois posés et les chirurgiens partis pour le CHU, la galère commence. On a pris les lits pliants, mais la salle dans laquelle on peut dormir habituellement est fermée. Il n'y a personne au poste de garde pour nous ouvrir. On va frapper chez les pompiers, mais ça ne répond pas. On rappelle le contrôleur sur l'Icom, et il appelle les pompiers par téléphone. L'un d'eux nous ouvre, nous accompagne à la salle, essaye toutes les clés dont il dispose, mais aucune n'est la bonne.

Une ambulance du SMUR attend un autre avion, et son conducteur nous propose de nous emmener à l'hôpital où il essayera de nous trouver une salle. Nous voilà embarqués dans l'ambulance, les lits pliants et les duvets entre la bouteille d'oxygène et le brancard...


Sur le chemin, l'ambulance s'arrête aux feux rouges, c'est même pas rigolo ! En fait de salle fermée, on se retrouve dans un coin de couloir qui sert de salle d'attente, c'est un peu la loose. Tant pis, je déplie mon lit et j'essaye de dormir un peu. Au bout d'une heure, on décide d'appeler un taxi et de retourner à l'aéroport. Un agent de la sûreté est arrivé et nous ouvre enfin la salle. On s'installe sur les lits, on essaye de s'endormir, et 10 minutes après, les chirurgiens appellent. Et c'est reparti.

Je négocie avec Paris Contrôle une directe sur BANOX, notre IAF, et je demande également une approche à vue pour la piste 03, pour éviter un long guidage radar pour la 27, puisqu'on vient du sud ouest. On obtient la directe, mais l'approche à vue ne sera a priori pas possible. On nous passe ensuite avec Orly Départ.

Orly : IBJ117B, information de trafic, un A330 au décollage d'Orly, actuellement à 10 NM, en montée vers le FL60
Moi : c'est bien pris, IBJ117B
Orly : Air Algérie XXX, traffic one thousand above cleared level, 12 o clock.
Air Algérie : trafic on TCAS, Air Algérie XXX
Moi : IBJ117B, on a croisé le trafic, c'était très joli !
Orly : Je vous en envoie un autre !
Moi : Super !
Easyjet : EZY XXX, request further climb
Orly : EZY XXX? négative, maintain FL60, traffic one thousand feet above
Easyjet : Traffic is in sight, EZY XXX


On passe quasiment à la verticale du seuil de la piste 24, après avoir remonté à contre QFU l'axe de la 24.


Orly : IBJ117B, passez avec De Gaulle, 136,275
Moi : 136,275 IBJ117B, merci beaucoup madame, bonne journée !

Avec De Gaulle, je demande une approche à vue pour la piste 03, qui m'est refusée. On m'indique qu'on va avoir un guidage radar court. Je collationne, en ajoutant "pour info, on a visuel du Bourget".

Roissy : IBJ117B, descendez vers 3000 pieds 1008
Moi : On descend à 3000 pieds 1008, IBJ117B
Roissy : IBJ117B, vous avez visuel du seuil 03 au Bourget ?
Moi : Affirm
Roissy : IBJ117B, tournez à gauche, autorisé approche à vue pour une base main droite 03 au Bourget

Mon captain fait un break à gauche. Nous sommes à environ 220 noeuds et à 2 minutes du toucher. On sort les volts approches, le train, on passe les hélices à 1900 tours et je contacte le Bourget, qui nous autorise à l'atterrissage en 03.

Base main droite, volets full, chek liste finale, et nous voilà posés. Une arrivée bien sympa, qui rattrape un peu la galère de la nuit. J'arrive chez moi à presque 10 heures, debout depuis 25 heures environ...

9 commentaires:

Silvain a dit…

Salut j'ai lu tout ton blog et je le trouve super c'est vraiment cool de partager tes expériences merci

fiuuu a dit…

eh béééééééééé une série de petites siestes en fait !

jp a dit…

De biens beaux récits qui relatent la dure vie des pilotes de transport sanitaire, ces hommes de l'ombre qui participent à sauver des vies.
Bonnes fêtes de fin d'année.

Un lecteur assidu !

Mika33 a dit…

J'espère que tu avais pas bu avant de prendre ton beech lol!!!Super récit, tu as du bien dormir après 25h debout.
Bonne fêtes de fin d'année.

A+
Mickael

Anonyme a dit…

Super recit Olivier! bons vols à toi. David

Anonyme a dit…

ca me rappelle de vieux souvenirs ton evasan ! une en arabie saoudite en lr36 avec un équipage qui venait de se taper un AR ténérife dans la journée (8h30 de vol) et qui est reparti dans la foulée et rentré le lendemain soir!

boubou

Anonyme a dit…

Encore un récit très sympa à lire.
Toujours aussi vivant.
J'en profite pour vous souhaiter une très bonne année, plein de vols passionnants !
Avec toutes mes amitiés.
Si vous passez par LFQG, faites-moi
signe ! ;-)

LJ35 a dit…

Silvain, jp, ptit Mika, Anonymes > Merci pour vos commentaires sympas !

Anonyme3 > Je veux bien faire signe quand je passe, mais si je ne sais pas qui tu es et que je n'ai pas de coordonnées, ça ne va pas être facile ! :-)

Unknown a dit…

J'aime bien ce post! A bientôt.