samedi 5 mars 2011

Dans le vent des hélices

Depuis que je suis gamin, j'ai toujours aimé lire. Et j'ai toujours aimé les bouquins, dénichés dans le grenier de la maison de mes grands-parents, ou sur les rayons d'une bibliothèque d'une maison de famille, livres plus vieux que moi, aux pages jaunis et sentant bon le vieux papier.

Depuis quelques années, j'ai commencé à réunir des livres anciens autour de plusieurs thématiques : l'aviation bien entendu, mais aussi la marine. Et aussi un troisième sujet (souvent lié aux deux autres d'ailleurs), les récits de guerre, et en particulier la seconde guerre mondiale.

Je cherchais depuis longtemps un ouvrage que je ne trouvais qu'à des prix excessif (50 euros voici quelques mois à la brocante du Bourget, ou encore récemment sur Internet, deux exemplaires vendus respectivement à 78 et 250 euros !).

En début de semaine, je l'ai acheté au prix de 10 euros seulement. Il s'agit des souvenirs de Didier Daurat, "Dans le vent des hélices". C'est une édition de l'époque, imprimée en 1956.


Daurat fut un personnage essentiel de l'aviation française pendant 40 ans, étant successivement pilote pendant la Première guerre mondiale (avec 8 citations), directeur d'exploitation de l'Aéropostale de 1920 à 1932. Il occupa le même poste chez Air Bleu, développant la postale de nuit, avant de terminer sa carrière comme chef du département postal, puis comme chef de centre à Orly.

Son livre est extrêmement riche et je l'ai dévoré en moins de 24 heures. J'y ai appris beaucoup de choses, et notamment une anecdote que je ne connaissais pas. J'ai apprisQuand les lignes aériennes Latécoère demandèrent l'autorisation, en 1930, d'effectuer la première traversée de l'Atlantique Sud en Laté 28, ils la reçurent de façon bien particulière.

Daurat raconte : "Je savais que les autorités seraient plus difficiles à convaincre et j'avais hâte d'obtenir l'autorisation officielle d'entreprendre la traversée. Elle nous parvint enfin, mais sous une forme singulière : elle nous serait adressée à Natal et envoyée par le courrier qui devait être confié à l'hydravion. Ainsi, en cas de réussite, tout serait pour le mieux. En cas d'échec, la lettre ne nous serait jamais parvenue..."

Dans la conclusion de ce livre, Didier Daurat écrit :

"Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet valent encore plus que leur renommée ; ils font partie de ces êtres rares dont le poids d'homme pèse plus lourd que celui de leur légende. Mais il ne faudrait pas que cette hauteur même constituât un obstacle à l'émulation, qu'elle décourageât ceux qui seraient tentés de les imiter.

Le sauteur auquel on a mis la barre trop haut hésite et se dérobe. Qu'on ne s'y trompe pas. Il existe certainement dans cette génération, comme dans celles qui la précédèrent, des caractères d'exception. ils ne réclament qu'un terrain favorable pour s'épanouir. L'essentiel est de ne pas manquer de leur fournir cette justification de l'action à laquelle ils aspirent. S'il n'y a pas forcément des Mermoz, des Saint-Exupéry ou des Guillaumet, on peut toujours et en toute circonstances créer une morale qui grandissent ceux qui l'appliquent. Tant mieux s'ils étaient nés grands !

Commençons par créer un état d'esprit et l'entretenir. Un jour où l'autre, il donnera naissance à des hommes. Je l'ai bien vu avec les lignes Latécoère et j'ai fourni la preuve qu'il ne s'agissait pas d'un heureux concours de circonstances. Certains doutent qu'une pareille expérience puisse se renouveler aujourd'hui. J'affirme avec force qu'elle est possible demain. (...)

Il n'y a pas de miracles, rien que des réalisations sérieuses animées par le sens de la responsabilité et de respect de certaines disciplines. Saint Exupéry l'avait bien compris lorsqu'il écrivait : "La grandeur d'un métier est peut-être avant tout d'unir les hommes ; il n'est qu'un luxe véritable, c'est celui des relations humaines."

J'ai toujours pensé qu'aucun métier n'unit davantage l'homme et les machines. (...) La technique n'est qu'un moyen. Elle ne saurait être un but (...). Que les navigants d'aujourd'hui ne l'oublient pas. Qu'ils s'inspirent de leurs grands aînés, défricheurs de routes, et se souviennent qu'ils sont tombés pour que la fraternité rayonne plus haut entre les hommes."

3 commentaires:

Sylvain a dit…

Encore un beau billet...

Une question un peu personnelle: Avez vous fait (ou vos collègues) une mission organe en direction de Châteauroux Vendredi au petit matin?

LJ35 a dit…

Sylvain > Négatif.

Sébastien Seguineau a dit…

Hello pour pousser le sujet Daurat aéropostale il y a des vidéos sympas sur ina.fr (témoinages d'anciens de la ligne etc.)
Bons vols,
Seb