dimanche 26 septembre 2010

Mes Virades de l'espoir

Hier soir, couché à minuit. Quand le téléphone sonne, je suis persuadé que c'est le petit matin. Raté, il n'est que 3 heures. Il est 5 heures quand je fais un rolling-take off au Bourget. Direction le sud.

Ce dimanche, ce sont les Virades de l'espoir. La journée annuelle de mobilisation contre la mucoviscidose, cette maladie génétique qui provoque une accumulation de mucus dans les voies respiratoires, obligeant à de fréquentes séances de kiné pour permettre aux malades de respirer normalement.


Un de mes amis a la muco. Il y a quelques années, il a eu la chance de bénéficier d'une double greffe des poumons. Après sa convalescence, ce fut une véritable renaissance. Pour la première fois de sa vie, il pouvait vivre normalement sans s'essouffler et sans séances de kiné.

Pour une personne atteinte de la muco, la greffe des poumons est donc un vrai cadeau. Et justement, en ce dimanche des Virades, ce sont des poumons qu'on allait chercher. Les choses sont bien faites...

On arrive à la toute fin de nuit, et on va se coucher dans l'avion.


Deux grosses heures plus tard, les médecins appellent pour signaler qu'ils quittent l'hôpital. Il fait jour, et grand soleil !


Mais plus on remonte vers Paris, plus c'est nuageux...


Après un bref rayon de soleil sur le Bourget, le temps gris et pluvieux nous rattrape. Mais malgré la pluie, je garde de cette journée le rayon de soleil qu'a été le plaisir, tout particulier, de livrer des poumons tout neufs, et donc une nouvelle vie, à quelqu'un qui en avait bien besoin.

Et comme me le disait tout à l'heure un jeune, touché par la mucoviscidose : "Quoi de de plus beau qu'un homme libre, volant au dessus des nuages, pour offrir la clef qui libère d'un poids souvent très lourd... ?"

mercredi 22 septembre 2010

Ho, nous, ça ne nous dérange pas !

4h00 du matin, sur un petit aérodrome du nord-est de la France. Les deux médecins viennent d'arriver au pied de l'avion. L'un d'eux m'aide à monter à bord, avec précaution, la lourde glacière métallique et son précieux chargement. Les deux médecins embarquent, et pour ne pas perdre de temps, mon captain met en route le moteur 2 (côté droit, donc) pendant que je ferme la porte (côté gauche).

Je vérifie les 5 témoins de la bonne fermeture de la porte. C'est important puisque, à la différence des portes des gros porteurs qui ne peuvent s'ouvrir accidentellement, celle du King Air s'ouvre vers l'extérieur, et pourrait donc se barrer, l'avion une fois pressurisé, si elle est mal fermée. Je remonte vers l'avant de la cabine, et assiste le captain pour le démarrage de la deuxième turbine. Puis je demande la mise en route à la tour. 10 secondes plus tard, nous roulons vers la piste, et quelques minutes après, nous sommes en l'air.

A l'aller, Le Bourget était en configuration face à l'est, ce qui était bien pratique, vu notre destination. Au retour, c'est toujours la même config, ce qui nous arrange moins. Ca va nous obliger à faire le tour de Paris, nous faisant perdre une bonne dizaine de minutes. Et étant donné la nature de notre chargement, tout minute de gagnée compte.

Je laisse la veille de la comm 1 à mon captain, qui est PF sur cette branche, et je passe sur la comm 2 :

- Le Bourget, IBJ122B, bonjour !
- IBJ122B bonjour
- IBJ122B, on est EVASAN avec un coeur à bord, est ce que vous pensez qu'il serait possible de se poser en 27 ?
- IBJ122A, il faudrait voir avec Roissy, mais ça risque d'être difficile, le doublet nord est fermé, et tous les départs se font du doublet sud, face à l'est
- On va voir avec eux, à tout à l'heure, IBJ122B


Je repasse sur la comm 1, nous sommes toujours avec Paris Info. Je leur pose la même question.

- Je vais demander à De Gaulle, je vous tiens au courant, IBJ122B
- Merci monsieur !

Quelques instants plus tard :

- IBJ122B, Paris Info, j'ai vu avec De Gaulle, je pense que ça ne va pas être possible, parce qu'il faudrait interrompre tous les départs, voyez avec eux sur XXX,XX

Je regarde mon captain, qui doit penser la même chose que moi, et je réponds :

- Ho, nous, ça ne nous dérange pas, IBJ122B

Avec un brin d'amusement dans la voix, le contrôleur répond :

- J'imagine, mais je pense que ça en gênerait d'autres !
- On passe avec De Gaulle sur XXX,XX, IBJ122B, merci et bonne fin de nuit !

Et je passe avec De Gaulle, qui m'envoie direct sur OMAKO et CLM, ce qui veut dire une procédure 07. Je redemande à tout hasard, mais on me fait la même réponse : "On devrait interrompre les départs, donc on ne peut pas le faire, même pour une EVASAN".

On l'a pourtant déjà fait, il y a peu, en revenant de la même destination avec un coeur à bord. Nous nous étions posés en 27 au Bourget, avec deux avions en finale face à l'est sur le doublet sud de Roissy. Il faisait le même temps que la nuit dernière (CAVOK), on avait annoncé le visuel des avions en finale sur Roissy, et tout s'était bien passé.

Et forcément, j'ai repensé à l'ancien récit de Danny à l'époque où il ne bloguait pas encore et où il faisait de l'Air Ambulance, récit dans lequel il racontait qu'alors qu'ils rapatriaient un patient qui était au plus mal, ils avaient été autorisé à se poser face aux départs (et pas les départs d'un aéroport à quelques NM à droite, non, face aux départs sur le MEME aéroport, descendant sous les montées initiales). Evidemment, c'est les Etats-Unis, c'est un autre monde. En pleine journée, je peux comprendre que c'est dificilé à gérer, mais à 5 heures du matin ?

Du coup, pour raccourcir et éviter de passer par OMAKO et CLM, j'ai demandé et obtenu une directe sur PG506. On termine en guidage radar pour l'ILS 07 au Bourget, guidage fait au plus court par De Gaulle pour nous faire gagner du temps. On passe au ras du périph et de l'héliport d'Issy les Moulineaux. A cette heure ci, ni Tour Eiffel illuminée, ni lasers...

Roulage rapide vers notre parking, on décharge et les médecins partent vers l'hôpital, dans leur voiture à girophare. Une heure tout rond bloc-bloc, 50 minutes en l'air. Grâce à la générosité d'un donneur et à l'efficacité de la chaîne du don d'organes, dont nous sommes un modeste mais indispensable maillon, quelqu'un, cette nuit, a reçu en cadeau un coeur tout neuf, et par la même occasion, une nouvelle vie !

jeudi 16 septembre 2010

Quand c'est dur de garder les yeux ouverts

Je dis souvent que quand je suis au boulot, je n'ai pas vraiment l'impression de bosser. C'est vrai. Mais pas toujours vrai. La nuit dernière par exemple.

Les cinq derniers jours avaient été tranquilles : Samedi et dimanche dernier, j'étais d'astreinte, mais je n'ai pas eu de vol. Lundi et mardi, j'étais de repos (avec quatre vols à l'aéroclub). Ma semaine a donc commencé ce mercredi, sans aucun vol dans la journée.

Mercredi soir, Conseil d'Administration de l'aéro-club a Toussus de 18h30 a 22h20, arrivée à la maison a 23h, lecture de mails et un peu de MSN, et vers minuit, je commence à envisager d'aller me coucher. 0h10, le téléphone sonne : décollage a 1h30. Pas de dodo pour le moment, donc. Je met mon uniforme et je file au Bourget.

On attend un peu les deux équipes médicales, et on ne décolle donc qu'à 2 heures. Direction : Pau. Une des destinations les plus éloignées en France, et le genre de vol un peu long, donc, avec une croisière qui dure une bonne heure et demi. Et quand cette croisière se déroule entre 2h20 et 3h50, et qu'on n'a pas dormi depuis, heu, quand déjà ? Ha oui, depuis le matin de la journée précédent, le temps nous parait long... Dans ces moments là, où on aimerait bien se laisser aller dans les bras de Morphée et où on lutte pour garder les yeux ouverts, on a bien le sentiment de bosser !

Arrivée à Pau vers 4h du matin, les médecins partent, et on essaye de dormir un peu. On est réveillés une première fois par le téléphone du captain dont l'alarme nous prévient qu'il faut délayer le plan de vol. On se rendort, pour être à nouveau réveillés par les médecins qui annoncent qu'ils seront là dix minutes plus tard.

9h, on arrive au Bourget. 9h45, j'arrive à la maison et je me couche. 13h55, je me lève. j'ai mal à la tête et je suis complètement décalqué.

Ne jamais savoir si on va partir ou non, et si oui, à quelle heure de la nuit, c'est la grosse difficulté de ses missions organes, et on est très vite complètement décalé... Heureusement, il y a la vue, au petit matin, pour compenser. Quelques photos prises ce matin pendant le vol de retour depuis Pau.





En arrivant en région parisienne, je vois qu'on va passer juste au-dessus de Toussus. Je passe donc sur la comm 2 et J'appelle la tour :

- Toussus, IBJ 216B, bonjour
- Bonjour IBJ 216B !
- C'est Olivier, de l'aéroclub J., c'est juste pour faire un coucou, on passe en Beech 200 au niveau 60 au-dessus de Toussus
- Ha oui, je te vois sur mon image radar ! Bonne fin de vol !
- Merci, bonne journée, à bientôt !

Juste après être passés sur Toussus, on survole la piste de Villacoublay, dont je décollais voici 8 jours :


Et en bonus, une petite vidéo :



samedi 11 septembre 2010

50 aéroports

Un des avantages de ma compagnie actuelle, c'est la variété des terrains sur lesquels on se rend. Ca va de l'aérodrome avec une piste de 1 000 mètres à celui avec plus de 3500 mètres pour décoller, et du petit terrain géré par un agent AFIS comme Cholet au gros aéroport international (par exemple Barcelone avec ses quatre pistes, ses kilomètres de taxiways et ses trois fréquences différentes rien que pour le roulage, et donc sans compter la fréquence prévol).


Dans certaines petites compagnies, les pilotes vont faire toujours les mêmes lignes, et tourner entre une petite dizaine d'aéroports différents (voire moins parfois). Cette semaine, j'ai posé mes roues sur le 50 aérodrome depuis que je suis entré dans la compagnie, voici cinq mois.

Et le 50e n'était pas n'importe lequel : Villacoublay, où il est assez rare de poser un avion civil puisque c'est une base aérienne. Depuis, j'en ai ajouté deux autres à la liste : Ajaccio et Avignon.


Pour un premier boulot, c'est une vraie chance de pouvoir visiter tant d'aéroports différents. Il est très formateur de passer du petit aérodrome au très gros aéroport, de Blois, Dole ou La Roche sur Yon à Barcelone, Lyon-Saint Exupéry, Nice ou Munich.

jeudi 9 septembre 2010

Ajaccio et Bastia dans la même journée

Direction la Corse ! Je n'y avais pas mis les pieds une seule fois pendant mes 5 premiers mois de boulot, et là, deux missions vers l'île de Beauté en trois jours. Et celle de ce jour compte double, puisqu'on va visiter deux terrains corses : Ajaccio et Bastia. Le premier présente une particularité : pour s'y poser en conditions IMC, il faut que le commandant de bord ait suivi un entraînement. Ce n'est pas le cas du mien, on devra donc impérativement s'y poser en conditions à vue.

7h30. Alors que je termine de préparer l'avion, le gros jet de Renault-Nissan (d'où son immatriculation N155AN) qui était parqué en face de nous, s'en va vers une destination lointaine.


8h00, on quitte le bloc pile-poil à l'heure, en configuration deux civières et avec un infirmier à bord. Pendant la montée, on se prend quelques cumulus, et ça secoue un peu. 1h30 après le décollage, voilà la Méditerranée ! Droit devant, Cannes et les îles de Lérins.


Depuis qu'on est passés avec Marseille Info, on avait une directe vers Bastia. Mais le contrôleur nous rappelle pour nous dire que, cause activité militaire, nous devons faire un détour via Omard, comme quand on y va en VFR.


Nous passons sous la couche en nous faisant un peu secouer.



Et ça tabasse encore...



Nous arrivons en vue de la pointe de la Parata et des îles sanguinaires.





Après un passage verticale IS, situé sur la pointe, nous sommes autorisés pour une approche à vue via une base main gauche 02.



Et nous voilà parqués au pied de la tour, sur un parking presque désert.


Le temps de charger notre premier patient, et c'est reparti. Décollage en piste 20, face à la mer, et virage droite en montée.


On nous donne un cap direct vers BTA, le VOR de Bastia. Ce cours vol nous fait passer par le centre de la Haute-Corse, et donc au-dessus des montagnes.


Nous passons juste à la verticale de l'aéroport de Corte, le seul à être situé dans l'intérieur de l'île. Nous demandons une approche à vue à Bastia, passons verticale du terrain et nous intégrons en vent arrière 16. Face à nous, la pointe nord de la Corse, avec notamment le Monte Stello.


Et nous voilà en finale... A gauche de la photo, l'étang de Biguglia, le plus vaste de Corse (11 km de long sur environ 2,5 de large, pour une surface de 1 450 hectares).


Derrière le King Air, le hangar de l'aéroclub Antoine de Saint-Exupery, qui, comme je le disais il y a deux jours, a décollé de Bastia, le 31 juillet 1944, pour son dernier vol.


Alors que nous dégagions la piste, un Airbus d'Air France nous avait laissé le passage. Pendant le roulage, nous avons entendu un des pilotes demander si le départ qu'on lui avait donné était celui correspondant au "DME cassé", en expliquant qu'ils n'avaient pas cette procédure dans leur documentation.

En effet, le DME est hors service, et un départ provisoire a été mis en place. De notre côté, nous avons le SUP AIR détaillant le départ. C'est au format A4, donc un peu plus encombrant dans l'avion que nos cartes Jeppesen !


Une fois le deuxième patient embarqué, on redécolle vers Paris. On nous donne un cap nord, mais on demande rapidement à prendre 20 degrés droite pour évitement. Puis on passe avec un contrôleur italien. Ca bourgeonne dur devant, avec une vraie barrière juste au niveau de la côte. On allume le radar pour repérer les cellules actives afin de pouvoir les éviter.


Ci-dessous, ce que ça donne de visu :


Une fois passé la barrière en question, il est temps de manger. Sur mon plateau, j'ai du foie gras ! Miam...


Nous poursuivons notre route vers le nord, et le sol monte lentement sous nos pieds alors qu'on avance vers les Alpes. On convient qu'en cas de dépressurisation, on demanderait un demi-tour pour retourner vers la vallée et pouvoir descendre vers le niveau 100. Bientôt, les sommets enneigés défilent sous nos ailes alors qu'on fait route vers la Suisse.


A nouveau, nous passons entre deux têtes de cumulus bien joufflues, dans un petit trou juste sur notre route :



Et voici le lac Léman. Il y a deux jours, la couverture nuageuse nous avait empêché de le voir. Cette fois, il se dévoile à nos yeux. Sur notre gauche, on voit Genève, son aéroport et son célèbre jet d'eau. Devant nous, Thonon-les-Bains, Evian, et en face, Lausanne.


Droit devant nous, encore et toujours des gros cumulus qui enflent, et quelques enclumes. Il va s'agir de bien viser !


Sur la gauche, c'est un vrai champ de chous-fleurs !



Droit devant, dans l'encadrement de ma moitié de pare-brise : une enclume.


mercredi 8 septembre 2010

POGO Villacoublay-Le Bourget

L'autre nuit, un autre équipage est allé chercher un organe dans le sud-ouest. A leur retour en région parisienne, vers 3 heures du matin, ils n'ont pas pu se poser au Bourget, qui était fermé cause grève, et ont donc atterri à Villacoublay.

Nous sommes donc allés en voiture à Villa pour ramener l'avion. Rendez-vous au Bourget, et plus d'une heure de voiture plus tard, nous arrivons à l'entrée de la base 107. Petit passage par la sécurité pour obtenir un badge visiteur. C'est le deuxième fois que j'entre sur la base aérienne, après y avoir visité la base des hélicos de la gendarmerie.

Pour obtenir un badge, il faut déposer une pièce d'identité, qu'on récupère à la sortie. Je souffle à l'oreille de mon captain : "Il ne faut pas leur laisser de carte d'identité, sinon on ne la récupèrera jamais !" En effet, nous entrons dans la base, mais nous n'en ressortons pas, en tout cas pas par voie terrestre...

Nous retrouvons notre Beech. Visite prévol, et nous mettons en route, sous la surveillance d'un militaire avec son extincteur. Puis je commence le roulage vers le seuil de piste 27. On passe à côté d'un Falcon 900 de l'ETEC. La tour nous fait patienter un peu au point d'arrêt, Orly ne voulant pas de nous tout de suite en raison d'un calibrage en cours à CDG. Puis nous sommes autorisés à nous aligner et à décoller.

Après le décollage, je poursuis dans l'axe jusqu'à ce qu'on croise la radiale 351 du VOR de Toussus, puis je vire à gauche vers HOL, le NDB des étangs de Hollande. Une fois verticale de HOL, virage droite pour revenir vers TSU, à la verticale duquel on passe, avant de le quitter sur la radiale 077.

Nous montons d'abord à 4 000 pieds, puis vers le niveau 60. Le contrôleur d'Orly nous fait redescendre, et termine son message en disant "Bonjour à Olivier s'il est à bord ". Je réponds "Bonjour !". Quand le contrôleur nous transfère sur De Gaulle, je réponds "Salut Baptiste !" avant de laisser mon captain collationner le changement de fréquence.

Je fais tout à la main, pas de pilote auto pour ce vol, et nous sommes en IMC. Ca secoue un peu, il faut dire que quelques CB se baladent, ce qui provoque pas mal de demandes de changements de cap pour évitement de la part d'avions au départ de De Gaulle.

La contrôleuse de CDG nous propose un circuit court, avec un cap d'interception de l'ILS 27 qui nous fait foncer sur De Gaulle. Nous sommes à présent en VMC, et on voit le doublet sud droit devant. Je commence prudemment mon virage gauche avant que mon aiguille ne commence à bouger, pour être sûr de ne pas dépasser l'axe. La contrôleuse doit penser à la même chose, parce que juste à ce moment là, elle nous dit "Vous faites attention à ne pas overshooter, hein !" Mon captain la rassure.

Nous voilà à présent établi sur l'ILS. La contrôleuse de De Gaulle nous signale qu'un avion qui vient de décoller de la piste sud risque de devoir virer par la gauche (donc dans notre direction) en raison d'un CB situé en plein dans l'axe de décollage.

- Vous l'avez en visuel ?
- C'est un Easyjet ?
- Affirm
- Alors on l'a en vue !
- Parfait. Ha, bah il vient de passer votre altitude, donc plus de souci, vous pouvez passer avec Le Bourget, 118,925

20 minutes après notre décollage de Villacoublay, je pose les roues du King Air au Bourget. Un vol de 30 minutes bloc-bloc. C'était mon tout premier POGO aux commandes en région parisienne. Un vol court, 100% à la main, dense mais bien sympa !



(La batterie a lâché sur l'ILS 27 au Bourget, donc il manque les dernières minutes)

mardi 7 septembre 2010

Aller en Corse un jour de grève

Aujourd'hui, c'était grève nationale. Notamment chez les contrôleurs. Mais nous, on a un vol prévu. Mission : descendre jusqu'à Bastia pour y récupérer deux personnes en civière, et les ramener à Paris.

Départ prévu à 8 heures. Lever à 5h30, et à 6h10, j'arrive au Bourget. Le départ matinal m'a permis de ne pas avoir de problème de circulation malgré la grève (même si c'était plus chargé que d'habitude à cette heure).

On change la configuration de l'avion, en enlevant les deux sièges club pour installer à la place une civière (la deuxième sera installée sur la banquette). Dès l'arrivée du médecin et de l'infirmière, j'installe l'énorme bouteille d'oxygène sous la civière, je l'attache pour qu'elle ne bouge pas, et je mets en place des harnais pour que les personnes allongées puissent être attachées, comme tout passager.

7h55. L'ATIS indique que Le Bourget est fermé, et donne un numéro de fax pour les vols prioritaires (dont nous faisons partie puisque nous sommes EVASAN).

7h56. J'ai checké avec mon captain : nos opérations ont bien envoyé le fax, et il faut appeler un numéro de portable pour demander la clearance.

7h58. J'appelle, ça décroche.

- Bonjour, IBJ 107A EVASAN, pour la mise en route.
- Il faut appeler le chef de salle, attendez, je vous donne son numéro.

Je note le numéro.

8h00. J'appelle le deuxième numéro.

- Bonjour, IBJ 107A EVASAN, pour la mise en route.
- Ha mais il faut appeler la tour !
- On vient de me donner votre numéro ?
- Appelez la tour à la radio, un contrôleur vient d'arriver !

8h02. J'appelle la fréquence sol, et ça répond. On a la mise en route.

Le problème, c'est qu'entre 8h00 et 8h05, ce sont 6 avions qui ont demandé la mise en route, dès l'ouverture du terrain, et ça bouchonne sur les taxiways, c'est une file d'attente comme à Roissy, et comme je n'en ai jamais vu au Bourget !

Nous sommes trois avions à attendre pour pouvoir traverser la piste 27, et le contrôleur donne en rafale les trois clearances pour traverser. Puis à cinq reprises, demande à un avion de s'aligner en 25 après le départ du précédent. Une fois alignés, on attend une minute et demi l'autorisation de décollage, pour espacement avec le précédent. Et c'est parti.

Il y a un contrôleur sur la fréquence de Paris Info, et aussi sur Bordeaux et Marseille. Par contre, pas beaucoup d'avions en fréquence. Il fait pas beau, et on ne voit pas le sol pendant tout le trajet. On ne peut pas profiter de la vue de la côte d'Azur, et on ne voit pas plus la mer. Jusqu'à ce moment là :


C'est la troisième fois que je viens en Corse, trois fois en avion (deux en avion léger, et cette première fois pour le boulot), et c'est toujours un moment magique quand l'île de Beauté apparaît soudain avec ses montagnes.

Le vent est calme, et on fait la procédure pour la piste 34. Alors qu'on est en éloignement, le contrôleur nous signale que le vent se lève : 9 noeuds du 150°. Il nous propose de faire une manoeuvre à vue pour nous poser en 16. Je collationne l'info et lui dit qu'on le tient au courant. Mais mon captain est du même avis que moi : on est largement dans les tolérances concernant le vent arrière, la piste est longue, on est déjà en vue, donc on est opérationnels et on se pose avec le vent dans le cul.



Et nous voilà garés au pied de la tour.


On attendait deux ambulances, mais une seule est arrivée : l'autre est bloquée en ville par la manifestation ! Pendant que le médecin et l'infirmière partent chercher le premier patient, on déjeune, puis je discute avec un pilote privé local, en fin d'ATPL théorique. Je le fais asseoir en place droite. C'est toujours un plaisir de discuter avec des pilotes en cours de formation, au niveau de formation auquel j'étais il n'y a pas si longtemps, et leur montrer la place qui sera peut-être la leur dans pas très longtemps.

Sur le tarmac de Bastia, deux Canadair qui ont une particularité : ils sont encore motorisés par des moteurs à pistons, et non turbinisés comme les Canadair français. Ces deux là viennent d'Italie (zoom numérique donc photo de mauvaise qualité...).


A l'autre bout du parking Aviation Générale, les deux aéroclubs de la plate-forme, dont l'aéroclub Saint-Exupery. J'ai une pensée pour celui que Joseph Kessel a appelé "le plus grand poète de la chose ailée" qui, il y a 66 ans et quelques jours, décollait de ce même aérodrome pour son dernier vol.

Nous serons sans doute le seul avion commercial aujourd'hui à Bastia : tous les vols ont été annulés. On embarque nos deux patients et on repart. Pour le retour, on passe par l'Italie, avec une verticale de Turin, et par la Suisse, en survolant le lac Léman (qu'on ne verra pas, malheureusement). Dès qu'on est repassé en France, on a une directe sur OMAKO, situé juste à côté de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (et de la ZRT du même nom).


Retour au Bourget après un peu moins de 5 heures de vol. Rechangement de configuration, ménage, remplissage du catering, papiers, et je rentre vite à la maison pour éviter les embouteillages de cette fin de journée de grève...

lundi 6 septembre 2010

Brouillard sur Saint-Brieuc

Descente en voiture sur Blois pour aller chercher un des deux Beech qui sortait de visite. Vol d'essai bien sympa avec un des mécanos à bord, pour faire des décrochages (en lisse, train sorti volets approche, et train sorti volets full), et arrêter compléter les deux moteurs (l'un après l'autre, pas en même temps of course).

Puis retour au Bourget en VFR (vol bien sympa, ça occupe bien, c'est compliqué le VFR par rapport à l'IFR, beaucoup plus de boulot, et à 2 500 ft, ça défile vite, et il faut avoir tous les yeux dehors !).

Enfin, après avoir bien dîner dans un resto proche du Bourget, on est repartis sur Saint-Brieuc. Au briefing, mon captain me montre qu'à notre destination, la visi se casse la gueule de demi-heure en demi-heure. Bah, on verra bien !

A l'arrivée, établis sur l'ILS 24, on voit bien la piste de loin, mais elle semble en effet émerger du brouillard. Pas de souci jusqu'à l'arrondi, mais on passe sous une couche de brume, et en fin de course, on finit complètement dedans. Au point que pendant un instant, je me demande si on va arriver à trouver le parking !

Le brouillard ne recouvre en fait que le dernier tiers de la piste. Le temps que je sorte l'appareil, et on en était déjà sortis. Une vidéo de la fin du roulage :



Voici une photo prise depuis le parking :


Je suis PF pour le retour. On décolle dans l'autre sens, et en fin de bande, on s'enfonce à nouveau dans la brume. Je m'aligne, et la visi n'est pas excellente, mais on a la RVR mini réglementaire. Petite photo :


Et hop, c'est parti ! Je maintiens bien l'axe en restant à distance égale des bords de piste, rotation, et on ressort immédiatement de cette très fine couche de brume. Sympa comme expérience !

jeudi 2 septembre 2010

Lever de soleil, coucher de soleil

Depuis ma longue rotation en journée vers Cannes, Brest, Kerry et Le Havre, j'ai fait plusieurs vols de nuit (et de fin de nuit) en missions organes.

L'aube, de retour de Lyon-Saint Exupéry :


Le même jour, après 12 heures de récupération, en fin de journée, on repart vers Grenoble. En passant travers ouest de Lyon, on admire le Mont Blanc. Et nous voilà en finale à Grenoble-Isère (Saint-Geoirs, quoi !) avec les Alpes au fond :


Le temps de se poser, et le soleil disparaît déjà (oui, je sais, le pare-brise est sale) :


Hier soir, bouffe chez un collègue copi, avec deux de nos captains (dont celui avec lequel je vole ces jours-ci). On espère ne pas être déclenchés trop tôt, pour pouvoir profiter de la soirée. 21h15, son téléphone pro sonne. On se regarde tous d'un air désolé. Fausse alerte, c'est le deuxième commandant de bord qui prévient qu'il va être en retard.

Ce dernier a un vol prévu ce jeudi, avec décollage du Bourget à 8 heures. Et vers 23h45, mon captain me dit : "Je pense que d'ici un quart d'heures, on sera tranquilles, parce qu'on n'aura pas le temps de faire un organe et d'être de retour pour 8 heures" (le deuxième Beech est en visite ces jours-ci). Cinq minutes après, son téléphone pro sonne. Et merde... Au moins, on aura eu le temps de dîner tranquillement. Mais les pilotes sont joueurs, et c'est en fait le second captain qui s'amuse...

Arrivé à la maison à 2h, et... mon téléphone sonne 10 minutes plus tard, on est déclenchés. Décollage du Bourget à 4h55 pour Montpellier. On dépose les médecins, et on repart dans la foulée pour ramener l'avion à temps.

Pendant le trajet de retour, le ciel s'éclaircit de plus en plus, les nuages prennent une jolie couleur rose.... Le soleil va se lever :


Quelques instants plus tard, il apparaît sur l'horizon :



C'est un spectacle dont je ne me lasse toujours pas, et dont, je pense, je ne me lasserai jamais.