samedi 18 novembre 2017

Quand tu te fais doubler par la droite par un poids-lourd

Quatre vols sont prévus aujourd'hui : AMS-BHX-AMS-PRG-AMS. 

L'ATIS d'Amsterdam nous donne la piste 24 pour le départ. Je vérifie donc les performances pour cette piste.  Je calcule d'abord notre ETOM (Estimated Take Off Mass, Poids estimé au décollage), en additionnant la masse à vide, la quantité de carburant que nous aurons au décollage (quantitée avitaillée moins quantité consommée au roulage) et l'EPL (Estimated Pay Load, poids estimé des passagers et de leurs bagages). 

Je regarde ensuite le tableau des performances pour la piste 24 d'Asmterdam, sèche et avec les volets 18. La piste est très longue, elle n'est pas limitative, on peut décoller de l'intersection E4 à la notre masse maximum au décollage. Mais je reporte quand même sur le carton de décollage la masse maximum théorique à laquelle nous pourrions décoller depuis cette intersection, ainsi que la V1 et les valeurs de N1 en Ref et en Flex. Pendant ce temps, le commandant de bord entre le SID (procédure de départ) dans le FMS.

Puis la piste au départ change et devient la 18L. Je recalcule les perfos, je change les valeurs sur la carton de décollage, et mon collègue change le SID dans le FMS. Quelques minutes plus tard, ça repasse sur la 24. Puis en 18L. Pour finalement revenir en 24. On n'avait jamais vu ça ! :)



Départ à l'heure d'Amsterdam à l'heure, et atterrissage à Birmingham dans les temps. On est garés sur le parking V. C'est moi qui ramène l'avion à Amsterdam. On repousse et on est prêts à rouler, mais entre le taxiway et nous, arrêté à V1, un énorme avion : l'A380 d'Emirates. On attend deux à trois minutes avant qu'il ne commence à rouler. Il prend le taxiway Echo pendant que nous utilisons Delta. Je le double pendant le roulage, mais nous devons nous arrêter à D5 pour le laisser passer et ensuite croiser son taxiway pour attendre au point d'arrêt C1.

On met le frein de parc et je sors rapidement mon téléphone pour photographier le mastodonde qui nous double par la droite.



Il continue à rouler jusqu'à S2 (à Birmingham, les A380 doivent d'arrêter aux points d'arrêt Cat 3, quelle que soit la météo). Et on décolle avant lui, ce qui nous fait gagner de temps, pas d'attente liée aux turbulences de sillage ! 

mercredi 1 novembre 2017

Commuting

Beaucoup de pilotes sont basés dans un aéroport à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux. C'est le cas par exemple des pilotes français basés à Paris mais habitant dans une autre région, mais aussi de tous ceux qui travaillent dans un autre pays. Ils doivent donc commuter (de l'anglais "commuting", qui désigne le trajet récurrent entre la maison et le lieu de travail, qui se fait le plus couramment en train, mais aussi en avion dans le cas des pilotes).

Quand j'étais basé à Dublin, je partageais une maison avec d'autres pilotes français de ma compagnie. Je commutais beaucoup (environ 3/4 de mes périodes OFF), pour plusieurs raisons. En coloc, on n'est jamais vraiment chez soi, et quand en plus on habite avec des collègues et que ça parle de boulot tout le temps, on a vraiment envie de s'échapper un peu pour ses jours OFF. De puis, les trajets entre Dublin et Paris avec ma compagnie étaient gratuits, donc ça ne pesait pas sur le budget de faire le trajet 3 ou 4 fois par mois.

Depuis que je suis basé à Amsterdam, je commute beaucoup moins (environ une fois par mois, ce n'est donc plus vraiment du commuting à proprement parler), pour les raisons inverse. J'ai un studio pour moi tout seul, donc je suis vraiment chez moi, et personne ne me parle du boulot pendant mes jours OFF. Et ma compagnie n'assurant pas de vols entre Amsterdam et Paris, je paye mes billets (certes à un tarif préférentiel, mais ça me revient quand même à 95 euros environ l'aller-retour).

Le problème de ces billets pas chers, c'est qu'on n'est jamais sûr de pouvoir embarquer. Si le vol est plein, on reste à terre. Ce qui est un peu ennuyeux quand on bosse le lendemain matin. Je me prévoie toujours au minimum un vol de secours, en prenant l'avant dernier.

Après trois jours à Paris, je devais rentrer à Amsterdam aujourd'hui pour un vol à 18h20 (je dois donc être à l'aéroport à 17h20). Hier soir, j'ai vu que les deux vols Air France que je pouvais prendre (11h50 ou 12h40) étaient tous les deux en jaune, ce qui signifie qu'a priori il y aura de la place. Ce matin, mauvaise surprise, ils sont tous les deux passés en rouge, avec 0 place disponible dans la catégorie de siège qu'on peut normalement utiliser. Il restait 2 ou 3 sièges dans une autre catégorie, je n'avais donc plus qu'à espérer être surclassé. Sinon il me restait encore un vol KLM possible, en jaune.

En réservant mon billet dans le RER, juste avant d'arriver à Roissy, je constate que le premier vol est repassé en jaune, avec une seule place encore dispo dans ma catégorie. J'ai donc finalement pu embarquer (et faire le vol sur le jumpseat avec les collègues, en plus).