vendredi 8 juin 2012

LJ35 à LJLJ (Ljubljana, Slovénie)

Quand on a pour destination une ville dont le nom n'est pas facilement prononçable qu'on commence à se dire qu'on voyage... C'était le cas hier, puisque nous sommes allés à Ljubljana (le J se prononçant "z" en slovène).

Après avoir appris, mercredi soir, notre destination, j'ai cherché sur Internet. D'abord pour confirmer la localisation. Ljubljana est la capitale de la Slovénie, jeune état né en 1991 de la partition de la Yougoslavie. La Slovénie se situe au nord du territoire de l'ex-pays du bloc soviétique, au sud de l'Autriche, à l'est du nord de l'Italie, et au nord de la Bosnie.

Ensuite, j'ai cherché sur le Net comment dire Bonjour, Au revoir et Merci, et j'ai noté ça sur mon iPad, pour pouvoir les utiliser à la radio.

Départ à 8h00 du Bourget. On obtient assez rapidement une directe vers la Suisse, et on aborde la traversée des Alpes après un petit briefing sur le niveau auquel on descendrait en case de dépressurisation (le FL150).

On arrive en Autriche, avant de pénétrer dans l'espace aérien slovène. Ljubljana possède un ILS sur la piste 26, qui est en service, mais il est hors service. Ce sera donc une approche VOR. Il fait beau là bas, et le contrôleur nous propose une approche à vue, mais la visibilité horizontale n'est pas exceptionnelle, et on préfère donc faire la procédure.

A l'arrivée nous attend une ambulance toute jaune :


Le médecin et l'infirmière partent vers l'hôpital. Ils en ont pour 2h30 environ. Le camion de fuel arrive, et j'en profite pour tester mon slovène. Je m'avance vers le chauffeur et lui temps la main en lui disant : "Dober dan !". Mon accent ne doit pas être trop pourri parce qu'il sourit et me dit la même chose, avec un accent pas trop éloigné du mien. Pour lui indiquer les quantité à avitailler (pleins complets dans les réservoirs extérieurs, et 150 litres par réservoir auxiliaire), je repasse à l'anglais. Une fois le plein terminé, je lui dis "Hvala" (dur à prononcer, ça), puis, quand il prend congé : "Nasvidenje".

Sur le parking, à côté de nous, un joli petit Sinus :


Nous allons visiter l'aérogare de l'aviation générale. Sur un écran, seulement quatre vols, dont le nôtre (qui est le seul dont la destination se situe en dehors du territoire de l'ex-Yougoslavie, puisque les trois autres sont pour la Bosnie).



On a le temps de déjeuner tranquillement dans l'avion, puis d'attaquer une mise à jour Jeppesen avant le retour des médecins. On embarque le patient sur sa civière, et c'est reparti. La procédure de départ nous fait partir dans l'est du terrain avant de nous ramener vers l'ouest. Nous repassons au sud du terrain, dont le code OACI (LJLJ) est assez amusant pour moi, étant donné mon pseudo (LJ35).


Un peu plus loin, nouveau petit clin d'oeil sur le GPS, puisque nous passons à proximité du VOR de Klepten dont le code, KPT, est le même que l'immatriculation de notre Beech. Le VOR était sur notre route, mais les contrôleurs nous ayant donné une directe vers Lille (alors que nous sommes encore au-dessus de l'Allemagne), le KPT passe au nord de KPT.


A l'aller, nous avions un bon vent dans le dos, et forcément, au retour, il est de face. 219 noeuds seulement en vitesse sol. On rame donc un peu, et malgré la directe, on met 2h30 à arriver à Lille, où je négocie une VOR-DME 26 (l'ILS 26 est en panne, décidément), bien que ce soit le 08 en service.

Pendant que médecin et infirmière emmènent le patient au centre hospitalier, je vais faire un petit coucou aux contrôleurs (Merci Pouipouine !) pour passer le temps. Puis c'est le rapide retour vers Paris, en jouant à cache cache avec de gros cumulus joufflus dans une superbe lumière de fin de journée, avec le soleil de mon côté. Près de 5h30 de vol au total, une bonne petite journée et un pays de plus sur la liste de ceux visités en Beech (le 14e).

vendredi 1 juin 2012

Rencontres nocturnes avec des amis pilotes pros


Pour une fois, le préavis était large : appel à 20h pour un décollage à 0h15 (en général, pour un organe, on est prévenu 1h30 max avant le décollage). On descend chercher ce qu'on appelle "une mallette", c'est à dire qu'on part à vide, on récupère la mallette (qui est une glacière, en fait, contenant l'organe qui a été prélevé par les chirurgiens d'une autre équipe), et on remonte sans passager.

Avec un peu d'avance sur l'horaire, on décolle à 0h05 du Bourget. A 1h15, on est sur l'ILS 13R de Marseille-Provence. Un DA42 de l'ESMA se reporte en vent arrière pour la piste 13R.

L'avion de l'ESMA : Ce ne serait pas Olivier dans le Beech ?
Moi : si, c'est Olivier, salut Harold !
Harold : comment tu as su que c'était moi ?
Moi : Je suis trop fort !
Harold : en effet, tu es trop fort !

Quand on commence la formation PPL, on a parfois peur de parler à la radio. Quelques années plus tard, on dit des bêtises sur la fréquence tour de Marseille-Provence, le 5e plus gros aéroport français. Il faut dire que c'est la nuit, qu'on est les deux seuls avions sur la fréquence, et que ça se fait avec la complicité bienveillante du contrôleur, qui lui aussi est d'humeur joyeuse :

Contrôleur : IBJ201A, information de trafic, un DA42 à vos 1 heure en vent arrière 13R.
Moi : on a visuel sur le petit DA42, IBJ201A !
Contrôleur : petit, petit... Vous allez le vexer !
Moi : Mais c'est fait exprès !

(Pour les esprits chagrins qui me lisent, je précise que c'était du second degré pour taquiner mon ami Harold. Nulle prétention dans mes propos (d'ailleurs, pilotant un petit avion moi-même, je serais mal placé pour critiquer la taille des avions).

Et, comme je l'avais déjà dit ici, quand j'étais en formation dans mon "petit" PA28 Arrow ou Seneca, j'avais apprécié d'entendre certains pilotes pros, sur des avions plus ou moins gros (dont des King Air) utiliser le mot "collègue" pour parler de moi en fréquence. Et moi aussi, il m'est déjà arrivé de l'utiliser à propos d'avions très légers, ou de dire "le joli DR400" là ou certains pilotes de gros parlent de "petit avion" (à croire qu'ils ne savent même pas l'identifier).

Mais revenons à nos petits moutons :

Le contrôleur, à l'avion de l'ESME : vous pouvez vous reporter en finale 13R derrière votre collègue.

(Dans le cockpit, mon captain, qui est aussi taquin que moi : "Ha non, c'est pas notre collègue !!")

Harold : Quelle est la vitesse sol du Beech 200 s'il vous plait ?
Contrôleur : comme vous... 100 kt

(En fait, on avait 114 kt)

Harold : ha, on va réduire un peu alors !

(Quel prétentieux ! :-) Forcément, en courte finale, on ne peut pas garder 250 kt !)

Mon captain pose délicatement l'avion sur la piste, et on roule vers le parking aviation générale ou attendent déjà deux "petits" avions venus eux aussi chercher des organes. Un Merlin de Dôle, et un autre Beech 200, basé à Lyon-Bron.

Et grâce à la présence de ce dernier, j'ai le plaisir, après avoir croisé Harold sur les ondes, de rencontrer un autre pote, lui aussi pilote pro et qui, lui aussi, travaille cette nuit au lieu de dormir : Albéric, qui lui aussi raconte ses vols de pilote de Beech sur un blog.

Deux amis croisés en en quelques minutes (et en pleine nuit) sur le même aéroport, ça fait bien plaisir...

Pour terminer, deux photos prises au retour, en approchant Paris, au lever du soleil :