samedi 31 décembre 2011

1500

Mon premier vol d'élève pilote a eu lieu en mars 2000. Il m'a fallu 9 ans et demi pour arriver à 500 heures de vol, atteintes juste à la fin de mon stage FI, en novembre 2009.


Les 1500 heures ont été atteintes (de justesse) en 2011, puisque c'était hier, en tour de piste à Toussus avec un élève.


Je remplis désormais toutes les conditions pour passer le test pour remplacer mon CPL par un ATPL pratique. Enfin toutes... presque ! Il faut en effet :

- 1500 heures totales : ça, c'est fait
- 250 heures en CDB : c'est le cas depuis pas mal de temps déjà
- 200 heures de cross-country, 75 heures d'IFR, 100 heures de nuit : ces trois conditions sont remplies elles aussi depuis un bon moment

Enfin, actuellement, il faut avoir 500 heures sur avion JAR25 ou JAR23 Commuter. Le Beech 200 étant JAR23 tout court. Mais le Part-FCL, qui va remplacer le FCL1, est plus souple puisqu'il demande 500 heures en opérations multipilote (que ce soit sur JAR25 ou JAR23, Commuter ou pas). Je remplis largement cette condition, puisque j'en ai environ 700 sur Beech 200 et que nos opérations sont multipilotes.

Donc, dès que le Part-FCL entrera en vigueur (le 8 avril 2013, si ça n'est pas encore repoussé), et si j'ai passé une QT JAR25 d'ici là, je pourrai passer le skill test pour obtenir l'ATPL pratique, sans attendre d'avoir 500 heures de vol sur avion JAR25.

Ma nuit de Noël

Cette année, j'ai choisi d'être d'astreinte les 24 et 25 décembre, pour pouvoir être de repos pour le réveillon de la Saint Sylvestre. L'an dernier, j'avais pu livrer un joli cadeau de Noël en apportant un organe, mais en contrepartie, j'avais passé mon réveillon de Noël en tête à tête avec mon captain (pas un de mes préférés, en plus), devant un plateau-repas dans une petite salle tristounette d'un aéroport de province désert, avec en fond sonore l'émission débile de TF1 regardée par le vigile dans la pièce d'à côté. On fait plus sympa comme réveillon !

Cette année, je passe le réveillon du 24 au soir en famille en espérant avoir le temps de manger avant de partir. L'apéro se termine et on commence le repas, pour le moment, tout va bien. Aucun coup de téléphone du boulot avant la fin du repas, je suis bien content, ça se passe mieux que l'année dernière. Je vais me coucher vers 23 heures en espérant pouvoir aussi être en famille pour le repas de midi du 25.

Le téléphone sonne vers 2 heures du matin pour un décollage prévu à 3h30. Les chirurgiens arrivent en retard, et ce n'est qu'à 4h10 qu'on quitte le bloc pour aller chercher un foie (l'organe le plus long à prélever). Le challenge, maintenant, est de rentrer à temps pour le repas de midi !

Sur la fréquence, on entend des grelots.

Moi : Je crois qu'on vient de voir passer le traineau du père Noël
Le contrôleur de l'approche : Ha ? ET vous avez vu une étoile filante ?
Moi : Ha non ! Vous n'avez pas entendu les grelots ?
Le contrôleur : Ha non, je n'ai rien entendu
Moi : Ha, ça devait être sur 121,5 alors !

C'est en effet sans doute sur la fréquence de détresse, que nous veillons sur la COM2, qu'un collègue facétieux a fait passer quelques secondes de bruit de grelots...


On atterrit à 5h15, et je pars à l'hôpital avec les chirurgiens qui se proposent d'essayer de me trouver un endroit pour dormir (il fait 2 degrés à l'aéroport, et aucun endroit n'est ouvert pour nous). Mon captain décide de rester dormir dans l'avion. Au CHU, on me trouve une chambre de garde dans laquelle je suis tout seul. Je me couche dans un vrai lit, et la coordinatrice me réveille 3h30 plus tard.

On redécolle à 10h20. Sur la fréquence, les classiques "au revoir" sont remplacés par "Joyeux Noël". C'est une journée particulière, et ça se sent aussi à la radio, l'ambiance est plus sympa que d'habitude entre contrôleurs et pilotes. On se pose au Bourget à 11h25. Le temps de bâcher l'avion, de faire les papiers et de rentrer, j'arrive à la maison à 12h15, pile poil à l'heure pour commencer l'apéro.

Une nuit de Noël parfaite cette année, donc, qui m'aura permis de concilier dîner du 24 et repas de midi du 25 en famille, et une mission pour livrer, comme l'an dernier, le plus beau cadeau de Noël. Seul regret, je n'ai pas pris le temps de m'acheter un bonnet de père Noël que j'aurais bien aimé porter en vol ce jour là.


dimanche 18 décembre 2011

Information de trafic, un A330 en montée, 1000 ft sous la clairance

Après un petit dîner en famille et une soirée chez un pote, je suis bien content de retrouver mon lit vers 0h45. Dix minutes plus tard, le téléphone sonne. Décollage à 2h15. La journée n'est pas finie, et elle va être plus longue que prévue.

Il fait très beau, et je fait la branche aller, prévoyant déjà une approche à vue sur notre terrain de destination. Avoir la carte 500 000e dans l'iPad, c'est bien pratique pour situer le terrain par rapport à la ville et le repérer plus facilement. Je le repère longtemps à l'avance, et je me fais plaisir avec l'approche à vue et à la main avec un bon vent qui nous donne une sacrée dérive (la piste est régulièrement masquée par le montant du pare-brise côté captain, ce qui n'aide pas vraiment).

Une fois posés et les chirurgiens partis pour le CHU, la galère commence. On a pris les lits pliants, mais la salle dans laquelle on peut dormir habituellement est fermée. Il n'y a personne au poste de garde pour nous ouvrir. On va frapper chez les pompiers, mais ça ne répond pas. On rappelle le contrôleur sur l'Icom, et il appelle les pompiers par téléphone. L'un d'eux nous ouvre, nous accompagne à la salle, essaye toutes les clés dont il dispose, mais aucune n'est la bonne.

Une ambulance du SMUR attend un autre avion, et son conducteur nous propose de nous emmener à l'hôpital où il essayera de nous trouver une salle. Nous voilà embarqués dans l'ambulance, les lits pliants et les duvets entre la bouteille d'oxygène et le brancard...


Sur le chemin, l'ambulance s'arrête aux feux rouges, c'est même pas rigolo ! En fait de salle fermée, on se retrouve dans un coin de couloir qui sert de salle d'attente, c'est un peu la loose. Tant pis, je déplie mon lit et j'essaye de dormir un peu. Au bout d'une heure, on décide d'appeler un taxi et de retourner à l'aéroport. Un agent de la sûreté est arrivé et nous ouvre enfin la salle. On s'installe sur les lits, on essaye de s'endormir, et 10 minutes après, les chirurgiens appellent. Et c'est reparti.

Je négocie avec Paris Contrôle une directe sur BANOX, notre IAF, et je demande également une approche à vue pour la piste 03, pour éviter un long guidage radar pour la 27, puisqu'on vient du sud ouest. On obtient la directe, mais l'approche à vue ne sera a priori pas possible. On nous passe ensuite avec Orly Départ.

Orly : IBJ117B, information de trafic, un A330 au décollage d'Orly, actuellement à 10 NM, en montée vers le FL60
Moi : c'est bien pris, IBJ117B
Orly : Air Algérie XXX, traffic one thousand above cleared level, 12 o clock.
Air Algérie : trafic on TCAS, Air Algérie XXX
Moi : IBJ117B, on a croisé le trafic, c'était très joli !
Orly : Je vous en envoie un autre !
Moi : Super !
Easyjet : EZY XXX, request further climb
Orly : EZY XXX? négative, maintain FL60, traffic one thousand feet above
Easyjet : Traffic is in sight, EZY XXX


On passe quasiment à la verticale du seuil de la piste 24, après avoir remonté à contre QFU l'axe de la 24.


Orly : IBJ117B, passez avec De Gaulle, 136,275
Moi : 136,275 IBJ117B, merci beaucoup madame, bonne journée !

Avec De Gaulle, je demande une approche à vue pour la piste 03, qui m'est refusée. On m'indique qu'on va avoir un guidage radar court. Je collationne, en ajoutant "pour info, on a visuel du Bourget".

Roissy : IBJ117B, descendez vers 3000 pieds 1008
Moi : On descend à 3000 pieds 1008, IBJ117B
Roissy : IBJ117B, vous avez visuel du seuil 03 au Bourget ?
Moi : Affirm
Roissy : IBJ117B, tournez à gauche, autorisé approche à vue pour une base main droite 03 au Bourget

Mon captain fait un break à gauche. Nous sommes à environ 220 noeuds et à 2 minutes du toucher. On sort les volts approches, le train, on passe les hélices à 1900 tours et je contacte le Bourget, qui nous autorise à l'atterrissage en 03.

Base main droite, volets full, chek liste finale, et nous voilà posés. Une arrivée bien sympa, qui rattrape un peu la galère de la nuit. J'arrive chez moi à presque 10 heures, debout depuis 25 heures environ...