mercredi 28 avril 2010

Rapatriement sanitaire depuis Porto

4h45. L'application "Sleep cycle" achève de me réveiller en douceur. J'ai encore un peu de temps avant l'heure limite de réveil que je m'étais fixée, et je reste donc un peu au lit avant de foncer sous la douche. Le temps de prendre un bon petit déjeuner, et j'arrive au Bourget un peu avant 6 heures. Décollage prévu dans une heure avec un médecin et un infirmier et tout leur matériel pour un rapatriement sanitaire.

7h05, je viens d'effectuer la rotation du King Air qui s'élance vaillamment vers le ciel. Après décollage sur la 09, nous prenons le cap vers Nantes. Sous nos ailes, de nombreux bancs de brouillard.


Après avoir passé Nantes, nous distinguons bien Noirmoutier, "l'île aux mimosas", dont on voit ici la partie nord, la plus large, avec Noirmoutier-en-l'île à droite, l'Herbaudière au fond, et la Guérinière en bas. D'habitude, je la survole de beaucoup plus bas !


Et voici la partie sud de l'île, avec Barbâtre, La Fosse, et l'arrivé du passage du Goix, passage submersible (et donc impraticable à marée haute), qui était le seul lien entre l'île et le continent avant la construction du pont en 1971.


Nous poursuivons vers l'océan, et on passe juste à côté de l'île d'Yeu, que j'ai souvent vue d'en haut, mais jamais du niveau 270 !


A travers le disque de notre hélice droite, on distingue bien Port Joinville, à droite, et la piste de l'aérodrome, en haut, et la pointe du Châtelet à gauche.


Cap au sud-ouest, et bientôt, il n'y a plus que de l'eau sous le Beech. Nous voilà en pleine mer, nous coupons en effet en plein milieu du golfe de Gascogne. Sur la fréquence, un Easyjet demande d-tout d'un coup un déroutement vers Bordeaux pour une "urgence médicale". Brest Contrôle lui demande la nature de l'urgence : "Heart attack". Ca ne sent pas bon ! Le contrôleur lui demande d'afficher 7700 et le guide vers Bordeaux.

Après une bonne heure au-dessus de la flotte, nous abordons les côtes espagnoles, et voici le fleuve Miño (en espagnol) ou Minho (en portugais), qui prend sa source à côté de Vigo, et dont les 76 derniers kilomètres délimitent la frontière entre les deux pays.


Madrid nous transfère avec les Portugais, et nous voilà bientôt sur l'ILS 17 à Porto. Je pose en douceur (si, si !) le King Air, tandis qu'un 320 de TAP est autorisé à s'aligner en 35. J'aurais bien pris une photo du face à face avec l'Airbus, mais on peut pas piloter et photographier en même temps !



Après un peu d'attente, une ambulance arrive avec le monsieur qu'on doit rapatrier. On charge la civière à bord, sur la banquette (quatre places assises normalement) dont on a laissé les coussins au Bourget.

Redécollage de Porto, en route vers le golfe de Gascogne. On passe un moment avec Madrid, qui nous bascule sur Brest. Petit gag, parce que Brest ne me répond pas, que j'ai un doute sur la fréquence, et qu'on voulant repasser avec Madrid pour me faire confirmer la fréquence, je pousse le machin vers le bas et pas vers le haut.

Ca a pour effet d'afficher la première fréquence en mémoire, et virer celle de Madrid, que j'avais évidemment oublié de noter sur le log... :-) Et il y a sept fréquences différentes. Finalement, j'avais bien pris la bonne fréquence de Brest, mais ils devaient avoir un souci hier, ils recevaient mal (et pas que nous).

Après une nouvelle heure en mer, voici les côtes françaises, la Vendée et Saint-Gilles Croix de vie.


Nous passons de nouveau à la verticale de l'île d'Yeu. Je passe un ptit coucou sur la fréquence, mais l'AFIS est sans doute parti déjeuner ! Sur notre gauche, à nouveau, l'île de Noirmoutier.


Et nous voilà en région parisienne. Orly nous signale un Airbus, et fait aussi l'info de trafic à l'Air France. Il passe pas très haut au dessus, en route vers Roissy.


Arrivée sur Paris, établi sur l'ILS 07 du Bourget : devant, Marly le Roi, avec la forêt du même nom sur la droite. On distingue aussi le parc de l'ancien château de Marly. A l'intérieur de la boucle de la Seine, la ville du Vésinet. Et, dans le deuxième boucle, on distingue les tours de la Défense.


Une bien belle rotation (ma plus longue à ce jour), avec près de 2 500 km parcourus en 6 heures de vol à travers les espaces aériens de trois pays.

7 commentaires:

Xavier a dit…

Toujours passionné par ton blog, que je suis depuis ta décision de faire l'ATPL théorique.
Passes-tu ton iPhone en mode avion lorsque tu dors? Sinon ne crains tu pas d'avoir la tête trop près du rayonnement? Si oui comment ta compagnie fait pour t'appeler?
Lorsque tu es d'astreinte, peut-on t'appeler à n'importe quelle heure? Si oui, réussis-tu à acquérir une vigilance suffisante pour piloter en sécurité lorsque tu es réveillé au mauvais moment du cycle? La fatigue ne s'accumule t elle pas?

LJ35 a dit…

Aéronaute > Pour l'instant, oui, je le laisse allumé, mais je vais avoir incessamment sous peu un téléphone de fonction, sur lequel je serai appelé, donc je pourrai à nouveau mettre l'iPhone en mode avion quand j'utilise Sleep Cycle.

Quand je suis d'astreinte, oui, on peut m'appeler à n'importe quelle heure. Quand tu es réveillé au mauvais moment du cycle, c'est le réveil qui est dur, mais 1h30 après, quand tu te mets aux commandes de l'avion, tu as eu le temps de te réveiller ! La fatigue s'accumule, oui, comme dans tous les boulots de nuit, il faut donc la gérer au mieux en profitant par exemple de siestes courtes mais réparatrices...

Unknown a dit…

Pas la même de demander si tu prends plaisir à te lever pour prendre les commandes de ton beech :).

Bonne continuation

Anonyme a dit…

Mêler "secourisme" et aviation mais ... qu'est ce qu'il y a de plus fort que le mot rêve ?
enfin tu me comprends, this is the top of the top en plus quand c'est superbement bien raconté ;-)

passiondesavions a dit…

Avez vous un TCAS à bord du beech200?

LJ35 a dit…

Corentin > Ce n'est plus vraiment du secourisme, mais je vois ce que tu veux dire ! :-)

Xavier > Négatif.

Flo a dit…

Un beau petit récit que tu nous fais encore partager :)
Tu m'amènes ? :p