jeudi 4 juin 2009

Ils reposaient dans cet Atlantique Sud...

"La nouvelle ne semblait guère inquiétante, et, cependant, après dix minutes de silence, tous les radio de la ligne, de Paris jusqu'à Buenos Aires, commencèrent leur veille dans l'angoisse. Car si dix minutes de retard n'ont guère de sens dans la journalière, elles prennent dans l'aviation postale une lourde signification. Au cœur de ce temps mort, un événement encore inconnu se trouve enfermé. Insignifiant ou malheureux, il est désormais révolu. La destinée a prononcé son jugement, et, contre ce jugement, il n'est plus d'appel : une main de fer a gouverné un équipage vers l'amerrissage sans gravité ou l'écrasement. Mais le verdict n'est pas signifié à ceux qui attendent. 

Lequel d'entre nous n'a point connu ces espérances de plus fragiles, ce silence qui empire minute en minute comme une maladie fatale ? Nous espérions, puis les heures se sont écoulées et, peu à peu, il s'est fait tard. Il nous a bien fallu comprendre que nos camarades ne rentreraient plus, qu'ils reposaient dans cet Atlantique Sud dont ils avaient si souvent labouré le ciel."

Ces belles lignes de Saint Ex (dans "Terre des hommes", à propos de la disparition de Mermoz) conviennent (hélas !) parfaitement à l'attente qui a suivie l'annonce de la disparition de l'A330 d'Air France...

Citation trouvée sur "In flight", le blog aéro de Damien.

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